A l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants le 12 juin, Terre des Hommes publie une étude qui démontre que le travail des enfants augmente toujours plus en Syrie et dans les pays voisins. Le phénomène a atteint une ampleur alarmante: en Jordanie, 84% des employeurs interrogés par le Bureau international du travail (BIT) indiquent avoir engagé des enfants au cours des deux dernières années. Vivant dans une pauvreté extrême, les familles de réfugiés syriens n’ont d’autre choix que d’envoyer leurs enfants travailler pour subvenir à leurs besoins.
Des organisations terroristes, à l’instar de l’Etat islamique, profitent de cette détresse pour recruter davantage d’enfants qu’elles utilisent comme ouvriers ou soldats. Certains ont à peine sept ans. « Les salaires versés par ces groupes terroristes sont très élevés et attrayants pour des enfants vivant dans des conditions économiques difficiles », relève l’étude.
Travailler pour aider leur famille
Le conflit persistant, les réfugiés ont déjà vendu leurs objets de valeur et vu fondre leurs économies. Ils n’ont souvent pas le droit de travailler et toute infraction constatée est sévèrement sanctionnée. Les organisations d’entraide ont, de plus, réduit leur aide alimentaire faute de soutien financier suffisant de la part de la communauté internationale. Dans ce contexte précaire, les enfants, même très jeunes, deviennent le principal soutien de leur famille.
« Nous travaillons pour couvrir les besoins de notre famille, pour payer le loyer et aider nos parents. Les loyers sont beaucoup trop élevés et nous avons besoin aussi de nourriture et de vêtements », explique un groupe de jeunes filles établies en Jordanie. « Mon père est mort en Syrie et mon frère de 15 ans, en tant qu’aîné de la famille, a été contraint de s’occuper de la famille », raconte pour sa part un jeune Syrien, interrogé en Serbie.
Au contraire des adultes, les enfants ne sont pas punis en cas de travail illégal. Représentant une main-d’œuvre bon marché, ils sont de surcroît grandement appréciés par les employeurs qui les engagent pour de lourds travaux dans les champs ou les usines. Nombre d’entre eux doivent travailler plus de dix heures par jour, sept jours par semaine, pour gagner au mieux six euros par jour en Jordanie par exemple.
Forte désertion scolaire
La plupart ont déserté les classes depuis longue date. Ce qui est gravissime, car la scolarisation constitue un « élément décisif « pour combattre le travail des enfants, souligne l’étude. « La communauté internationale se doit d’agir sans plus attendre: c’est sa responsabilité de redonner à ces enfants une perspective qui leur permette de surmonter la souffrance et la misère qu’ils ont vécues. Les enfants ne doivent pas payer le prix de la folie des adultes: ils doivent pouvoir vivre leur vie d’enfant, être protégés, aller à l’école », clame Vito Angelillo, directeur général de Terre des hommes.
L’étude, intitulée « Car nous luttons pour survivre », a été réalisée de mi-2014 à avril 2016, par Terre des hommes Allemagne en collaboration avec Terre des hommes (Lausanne) et Terre des hommes Italie, ainsi que leurs partenaires sur place. Sont à y découvrir également: les dangers du travail des enfants en Europe et sur la route des Balkans, des enquêtes détaillées dans des contextes nationaux précis, des recommandations adressées aux gouvernements nationaux, à l’Union européenne et aux employeurs.
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Contact
Zélie Schaller
Chargée des relations médias pour la Suisse romande
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