Après un trajet de presque 24 heures, nous arrivons à Cochabamba ce lundi matin. Cette ville de 500’000 habitants semble bien calme. Patricia Vargas, coordinatrice nationale de TdH Suisse en Bolivie nous explique que se tient durant plusieurs jours une réunion de l’OEA (Organisation des Etats Américains) sur le thème de la Sécurité alimentaire avec la présence de plusieurs présidents sud-américains. Le bord de la route a été nettoyé, tout est propre, pas un déchet ni habituel bouts de plastiques qui traînent. Les enfants travailleurs sont invisibles, ils ont été « rangés » dans un centre d’accueil prévu à cet effet pour 3 jours avec repas offerts nous explique Patricia… Une autre ville pour cette réunion au sommet.
Dans la matinée, rendez-vous dans les bureaux de la coordination nationale, partagés avec Terre des Hommes Allemagne. L’occasion de rapidement parcourir le programme qui nous attend ces deux prochaines semaines : visite des 7 partenaires soutenus par TdH Suisse en Bolivie et réunion de tous les partenaires durant deux jours à la fin de notre séjour afin que chacun puisse partager ses expériences.
A 14h30, rendez-vous à Canarito Pampeño, centre éducatif qui accueille chaque jour env. 60 enfants âgés pour la plupart entre 4 et 12 ans et dont les parents travaillent sur le marché de La Pampa.
La salle principale avec vue imprenable sur les collines bondées de maisons de fortune est bien animée. Par petits groupes de 5, les enfants sont tous appliqués à faire leurs devoirs avec l’aide de l’un des deux éducateurs du centre et des volontaires et des étudiants de l’université qui viennent donner un appui.
Le centre propose un « développement intégral » aux enfants accueillis. Il ne s’agit pas de simplement les occuper mais de les stimuler à travers diverses activités. Très participatifs, c’est eux-même qui définissent chaque année leur programme « hors devoirs », les sorties qu’ils vont faire, en se basant sur une auto-évaluation des activités réalisées l’année précédente.
La dernière activité en date ? La fête des mères qui a eu lieu le 28 mai. Les enfants ont décidé de préparer un spectacle pour leur maman et de leur tricoter un châle.
Ce jour-là, une fois leurs devoirs terminés, c’est jeux en plein air. Toute la joyeuse troupe s’en va sur le terrain de jeu adjacent au centre. Les activités s’enchaînent dans la bonne humeur. Quel plaisir de voir ces enfants rire, courir, s’amuser avec une telle insouciance.
Certains se sont levés à 5 heures du matin. C’est le cas de Jessica que j’avais rencontré plus tôt alors qu’elle était toute concentrée à découper des feuilles pour un collage. Elle vit sur l’une des collines éloignées que l’on voit depuis le centre. « Tout là-bas, sur la deuxième colline, juste à côté de ce bâtiment blanc que l’on devine à peine. » Réveil à 5h du matin, trajet d’une heure en « collectivo », pour arriver assez tôt sur le marché de La Pampa afin d’avoir un bon emplacement de vente. C’est que sa maman n’a pas la chance d’avoir un véritable étal à elle. Elle s’installe alors simplement à même le sol, avec un bout de tissu sur lequel elle fait des petits tas de 5 « chorchas », légume vert en forme de poivron et au goût de concombre. Un tas revient à 2 Bolivar. Combien en vend-elle par jour ? Nous n’aurons pas la réponse.
Il est 19h quand nous quittons le centre avec les derniers enfants restés là pour partager avec nous un moment de détente au travers de danses traditionnelles et plus modernes. Ils nous guident à travers ce labyrinthe qu’est le marché jusqu’aux étals de leurs mamans.
