Terre des Hommes Suisse tient à remercier Dessy Damianova, passionnée de littérature, auteure de ce texte, qui a collaboré au sein de l’équipe de Communication de Genève
Terre des Hommes Suisse tire le nom de son organisation de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry : « Terre des Hommes ». Nous venons de fêter les 75 ans de la parution de ce roman, l’occasion de revenir sur celui-ci et sur comment il a pu façonner l’esprit de l’organisation.
Grand lecteur d’Exupéry, le fondateur de Terre des hommes a fait plus que simplement emprunter à l’écrivain français le titre fort, évocateur et significatif que celui-ci avait choisi pour son troisième roman ; Edmond Kaiser en a repris l’esprit général, ainsi que plusieurs idées maîtresses.
Mais quelle est la philosophie de ce récit pas comme les autres ? Quelles sont les idées maîtresses d’une œuvre qui, à l’image des tourbillons de sable brûlant au milieu du Sahara dont son auteur avait l’expérience quasi familière, se présente à ses lecteurs/lectrices comme un tourbillon d’images, d’impressions diverses, de réflexions, de questionnements ? Essai autobiographique, écrit d’une manière fragmentaire voire impressionniste, à mi-chemin entre la prose et la poésie, Terre des Hommes de Saint-Exupéry est, malgré son titre emblématique et qui sonne comme un programme – tout sauf un quelconque manifeste, tout sauf un programme.
Pourtant, au gré des pages, on découvre un fil conducteur, une philosophie bien précise qui finalement rend cet étonnant roman-essai parfaitement cohérent et très en phase avec son propre titre. La philosophie en question n’est autre que celle d’un humanisme responsable et exigeant qui, aussi poétiquement qu’il puisse s’exprimer à certains endroits du livre, veut voir l’Homme grandir dans des actions concrètes, pleines de sens, utiles pour les autres.
Mais le roman Terre des Hommes exprime avant tout la conviction de son auteur – aviateur que quelque chose d’essentiel, de majeur, de supérieur doit venir animer la vie humaine qui, sans cela, se voit vouée à la médiocrité, à une routine avilissante, voire à une sorte de néant.
L’humanisme somme toute très « terre à terre » de l’auteur français admet qu’un être humain puisse s’arracher à la médiocrité existentielle en vivant pleinement son appartenance à ce qu’il appelle « la communauté des hommes », en assumant entièrement son rôle au sein de cette communauté, en s’y sentant utile, efficace et responsable. C’est aussi s’acheminer, ensemble avec les autres, et dans un même esprit de solidarité, de compagnonnage et de camaraderie – voire de fratrie – vers un objectif commun.
Voici quelques phrases du roman Terre des Hommes où Saint-Exupéry nous parle de tout cela :
C’est donc seulement en tendant vers quelque sommet, avec la pleine conscience de son propre rôle et de ses responsabilités dans l’action commune que l’homme / la femme peut se soustraire à la médiocrité existentielle dans laquelle tend à l’envelopper le train-train quotidien fait souvent d’absence de sens, de perte de vision, de manque de but, et de toutes les tentations de la facilité.
L’être Humain derrière l’Homme
Mais les Hommes dans Terre des Hommes, c’est aussi l’Homme, l’Être Humain avec majuscule – celui ou celle qui, dans un moment critique, dans un temps d’épreuve, va s’approcher de nous et, dans un esprit de totale empathie et solidarité, va nous offrir son aide. Saint-Exupéry en avait fait l’expérience et il en donne le récit dans ce qui apparaît comme l’épisode culminant de son roman – celui de l’apparition providentielle d’un Bédouin au moment où l’écrivain- pilote et son mécanicien Prévost, assoiffés et épuisés après des jours de marche dans le désert, se croyaient perdus, éloignés de toute présence humaine, oubliés au milieu des sables.
Pour compléter cet article, on vous invite à découvrir le podcast de France Inter de l’émission « In extremis, histoires de survie » qui raconte magnifiquement bien cet épisode du désert.
Cette rencontre avec l’Homme, qui sauve les deux hommes d’une mort aussi pénible que certaine, est immortalisée par Saint-Exupéry par des mots pleins d’émotion :
La haute opinion de l’être humain, la foi en son potentiel de générosité et d’empathie, de même que le refus de voir l’homme / la femme se complaire dans la médiocrité et dans une vie vide de sens – pas plus que d’accepter de se transformer en robots dans une société de plus en plus automatisée, déshumanisée et le plus souvent idolâtre du gain – c’est surtout cela qui fait d’Antoine de Saint-Exupéry l’un des plus grands humanistes de son époque.
Edmond Kaiser et Terre des hommes
Bien au-delà de son seul titre, c’est aussi avec cet humanisme responsable et exigeant que le roman Terre des Hommes d’Antoine de Saint-Exupéry a marqué l’ organisation de défense des droits des enfants – et cela dès ses débuts.
Lecteur assidu de Saint-Exupéry, Edmond Kaiser, fondateur de Terre des Hommes, faisait sienne la réticence de l’écrivain français de parler de pitié et de charité (« Je ne crois guère à la pitié… Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. ») quand il s’agissait de se rendre utile aux personnes ébranlées par des événements concrets ou, dans la perspective exupérienne – par certaines conditions de vie ou spécificité de travail qui avilissent « la qualité humaine » dans l’homme / la femme
Et si, aussi rétif à la « charité » que l’était l’écrivain français, à partir de 1980, E. Kaiser allait définitivement privilégier l’action urgente et directe en faveur de l’enfance (en se consacrant, notamment, à son nouveau projet « Sentinelles » et aux problèmes de l’enfance meurtrie) sa première création, « Terre des Hommes », allait, quant à elle, encore davantage se rapprocher du type d’humanisme professé par Antoine de Saint- Exupéry dans tout ce que cet humanisme, certes moins centré sur l’urgence et sur l’immédiateté de l’action, rêvait et espérait comme avènement de l’homme/la femme vers une vie de plus en plus remplie de sens, de signification, de responsabilité envers les autres.
Ainsi Terre des Hommes Suisse se mobilise non seulement pour la défense des droits fondamentaux de l’enfant dans les 10 pays où elle agit mais, par le biais de ses partenaires locaux, elle soutient toute institution et toute initiative qui œuvre pour l’épanouissement des enfants et des jeunes, pour le déploiement de nouvelles perspectives devant eux/elles, l’envol vers de nouveaux horizons.
Dans ce sens, l’école, ce lieu où se cultive le sens de la découverte et du savoir et où s’éveillent des vocations, est au centre de l’attention de Terre des Hommes Suisse. TdH Suisse se mobilise pour une école accessible à toutes et tous et pour une éducation de qualité qui, intégrale et holistique, prenne en compte toutes les dimensions du développement de l’enfant – cognitive mais aussi citoyenne, relationnelle, émotionnelle et affective, psychologique.
Très « exupérien » aussi, ce goût de la responsabilité et de l’engagement que Terre des Hommes Suisse essaie de donner et d’encourager chez les jeunes soutenu-e-s par elle. Ainsi la participation des enfants et des jeunes a été placé au centre de l’action de l’organisation. La Conférence des enfants en Suisse ou les Conseils de jeunes en Amérique Latine en sont des exemples parmi tant d’autres.
Permettant aux enfants et aux jeunes d’affirmer leur volonté de jouer un rôle actif dans la société de demain en s’engageant, notamment, pour un avenir plus sûr et plus juste, respectueux de leurs droits.
Pilote de haut vol et poète de la Terre
La Terre est partout dans le roman d’Antoine de Saint-Exupéry. Celui qui, en proie à « l’inexplicable amour du vol », avait passé une partie non négligeable de sa vie dans les airs, aime la terre d’un amour tout particulier. Quand il en parle, lui, le pilote, c’est à chaque fois pour toucher à quelque chose d’universel, parfois même à quelque chose de foncièrement originel.
Saint-Exupéry célèbre la terre sous toutes ses formes : elle est cette « glaise » et cette « argile humaine » qui respirent si fortement la création, les origines et la genèse, mais elle est aussi tout simplement cette terre natale que l’auteur- aviateur et ses compagnons ont reçue dans trois caisses lorsque, pendant l’une de leurs missions, ils étaient éloignés à des milliers de kilomètres de la France : « Il y pousse trois feuilles vertes, et nous les caressons du doigt comme des bijoux. »
La terre pour Saint-Exupery est aussi ce sable qui lui inspire des images d’une émouvante poésie : « Sous la lune, le sable est rose. », au lever du soleil il est « couleur de miel » et a un « mystérieux rayonnement ». Très poétique, Saint-Exupéry l’est aussi quand il chante les fruits de cette même terre qu’il aime tant.
Antoine de Saint-Exupéry célèbre aussi la planète Terre – une parmi les millions d’autres, la seule, l’unique, la nôtre. Et même s’il a parfois des mots troublants pour décrire sa marche mystérieuse dans l’espace, la voyant tour à tour comme « une planète qui nous emporte » ou comme une « planète errante », le sentiment intense de familiarité et d’attachement émotionnel domine au-dessus de tout. Si l’on s’envole loin de la Terre, poussé par un esprit d’exploration et d’aventure, on se sentira perdu « dans l’espace interplanétaire, parmi cent planètes inaccessibles, à la recherche de la seule planète véritable, de celle qui, seule, contenait nos paysages familiers, nos maisons amies, nos tendresses. »
En choisissant de nommer son organisation du nom du roman Terre des Hommes, Edmond Kaiser ne croyait définitivement pas si bien faire : à plusieurs égards, son projet s’est avéré visionnaire. Terre des Hommes Suisse a connu au cours des dernières années une évolution significative dans l’intégration des considérations écologiques dans ses activités notamment dans le cadre des ses activités d’éducation au développement durable et à la solidarité (EDDS). ONG de défense des droits des enfants Terre des Hommes Suisse n’a jamais cessé d’être, une organisation œuvrant pour l’équilibre, le bien-être et l’épanouissement des jeunes. Cet épanouissement étant étroitement lié à un environnement propre, durable et sain droit de l’enfant aujourd’hui reconnu
En choisissant de nommer son organisation du nom du roman Terre des Hommes, Edmond Kaiser ne croyait définitivement pas si bien faire : à plusieurs égards, son projet s’est avéré visionnaire. Terre des Hommes Suisse a connu au cours des dernières années une évolution significative dans l’intégration des considérations écologiques dans ses activités notamment dans le cadre des ses activités d’éducation au développement durable et à la solidarité (EDDS). ONG de défense des droits des enfants Terre des Hommes Suisse n’a jamais cessé d’être, une organisation œuvrant pour l’équilibre, le bien-être et l’épanouissement des jeunes. Cet épanouissement étant étroitement lié à un environnement propre, durable et sain droit de l’enfant aujourd’hui reconnu
En juin 2022, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement et en écho à la reconnaissance, par les Nations Unies, du droit à un environnement sain comme un droit humain fondamental, Terre des Hommes Suisse a lancé la campagne « Sauvez ma planète, sauvez mes droits » : lançant un appel pour une gestion environnementale plus respectueuse des limites planétaires et en faveur de tout action contribuant à la survie, la durabilité et la viabilité de notre Terre et donc des droits de l’enfant.
Agissez avec Terre des Hommes Suisse pour la protection des enfants dans le monde
Chaque don fait la différence dans la vie d’un enfant.
Merci de votre soutien !