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Mali : quand éducation rime avec espoir

Bamako, MaliSous un soleil de plomb, dans l’un des camps de déplacés à la périphérie de Bamako, des centaines d’enfants s’activent autour des nouvelles salles de classe récemment construites. Ces enfants, comme Aissata, 12 ans, ont été arrachés à leur village de la région de Mopti, fuyant l’insécurité croissante qui dévaste le nord du Mali depuis 2012. Reportage. 

Pauline Studer, Chargée du programme Suisse

Article de Pauline Studer, chargée de programme suisse

Le camp de Faladiè Garbale est devenu le nouveau foyer d’Aissata, un lieu de refuge où chaque jour est une lutte pour retrouver un semblant de normalité. « Ma famille et moi avons tout laissé derrière nous : notre maison, notre école, nos amis », raconte la jeune fille, serrant contre elle un de ses cahiers qu’elle a reçu avec son kit scolaire. « Quand les groupes armés sont arrivés, nous avons dû fuir sans rien emporter. » 

« Ma famille et moi avons tout laissé derrière nous : notre maison, notre école, nos amis (...) Quand les groupes armés sont arrivés, nous avons dû fuir sans rien emporter. »
Aissata

Aissata fait partie des milliers d’enfants déplacés qui ont vu leur enfance brisée par la violence. Leur village, autrefois paisible, a été ravagé par des affrontements entre groupes armés. Les nuits passées dans la peur des attaques sont encore fraîches dans leur mémoire. Mais ici, au camp, une nouvelle vie commence, portée par l’espoir d’avoir accès à une éducation de qualité. 

Grâce aux efforts de Terre des Hommes Suisse et de ses partenaires locaux comme ADAC, ces enfants ont pu retrouver le chemin de l’école. Deux nouvelles salles de classe ont été construites à Faladiè Garbale, et des infrastructures scolaires réhabilitées à Sénou, permettant aux enfants de poursuivre leur apprentissage dans un environnement sécurisé. 

Aissata rêve de devenir maîtresse d’école et raconte son quotidien : « À l’école, je peux oublier la guerre. Je me sens en sécurité. Nous avons des maitres et des maitresses qui nous aident à rattraper le temps perdu. Je veux apprendre pour aider ma famille et reconstruire notre village un jour. » 

Des clubs pour grandir

L’école est un refuge, mais aussi un espace de réconfort et de solidarité. Les clubs d’enfants, organisés par les partenaires de Terre des Hommes Suisse, permettent à Aissata de s’exprimer librement et de partager son vécu avec d’autres enfants. « Nous parlons de nos villages, de ce que nous avons vécu. Cela fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seuls. J’ai l’impression qu’on me demande de plus en plus mon avis aussi maintenant, si j’ai un problème ou si je ne me sens pas en sécurité, je sais que je peux demander de l’aide », explique Aissata avec un sourire timide. 

« Nous parlons de nos villages, de ce que nous avons vécu. Cela fait du bien de savoir que nous ne sommes pas seuls. J'ai l'impression qu'on me demande de plus en plus mon avis aussi maintenant, si j'ai un problème ou si je ne me sens pas en sécurité, je sais que je peux demander de l'aide »
Aissata

Ces clubs ne se limitent pas seulement à des moments de partage, mais jouent aussi un rôle crucial dans la sensibilisation à l’importance de l’éducation et de manière plus générale, respect des droits de l’enfant. Le témoignage de Koleba, 13 ans, résonne fortement avec cette expérience. S’il n’a pas été déplacé à cause de l’insécurité, il a néanmoins failli passer à côté de l’opportunité d’étudier. Dans son village, comme dans beaucoup d’autres à travers le Mali, les enfants étaient souvent retirés de l’école pour contribuer aux tâches domestiques ou agricoles. Le mariage précoce des filles était également une pratique courante, privant de nombreuses jeunes filles de leur droit à l’éducation. Aujourd’hui, grâce aux actions des clubs comme des programmes de rattrapage scolaire et à des projets de sensibilisation au sein de la communauté sur l’importance de l’éducation, Koleba peut poursuivre ses études sans crainte. 

L’éducation pour briser violence et pauvreté

Ramata Coulibaly, coordinatrice des programmes au Mali pour Terre des Hommes Suisse, décrit l’importance de ces initiatives. « L’éducation est la clé pour briser le cycle de la violence et de la pauvreté. Dans ces camps, nous faisons tout pour que les enfants puissent retrouver une vie normale, apprendre et grandir dans un environnement sûr. Chaque enfant qui retourne à l’école, c’est un pas vers un avenir meilleur pour le Mali. » 

« L'éducation est la clé pour briser le cycle de la violence et de la pauvreté. »
Ramata Coulibaly
Coordinatrice prog. TdH Suisse au Mali

Cependant, les défis sont nombreux. Les ressources sont limitées, et le besoin est immense. « Nous avons réussi à réhabiliter des classes et à fournir du matériel scolaire, mais il reste beaucoup à faire. Ces enfants méritent un avenir, et l’éducation est le seul moyen de leur offrir cette chance », ajoute Ramata Coulibaly. 

Le soir, alors que la chaleur commence à retomber, Aissata s’assoit près de l’entrée de sa nouvelle maison, « Un jour, j’aimerais revenir à Mopti, mon village est toujours dans mes pensées. J’aimerais que la paix règne, que les droits de l’enfant soient respectés et que personne n’ait à fuir comme nous. » 

La situation au Mali reste critique, et l’avenir incertain. Mais grâce aux efforts de Terre des Hommes Suisse, ces enfants, déracinés par la violence, retrouvent l’espoir à travers l’éducation. Comme le dit Ramata Coulibaly : « Ils ont perdu leur maison, mais ils n’ont pas perdu leur avenir. Chaque jour à l’école est une victoire. » 

L'ADAC : partenaire de Terre des Hommes Suisse

Depuis 2020, l’ADAC soutient les enfants déplacés à cause des conflits intercommunautaires dans la région de Mopti, en particulier sur les sites de Faladiè Garbale et Sénou à Bamako. L’accompagnement concerne l’éducation, la protection et la participation des enfants. Des mécanismes ont été mis en place pour protéger ces enfants des violences et abus. Ces initiatives incluent la mise en place de comités de protection, de clubs d’enfants, et la formation des leaders communautaires et des “mères protectrices”sur ces sujets.  

Le projet a permis la construction et la réhabilitation d’écoles, la fourniture de matériel scolaire et d’hygiène, ainsi que des kits alimentaires. De plus, des activités artistiques ont été organisées pour renforcer la participation et l’estime de soi des enfants déplacés. 

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