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Mali et Burkina Faso : les enfants déplacés au cœur d’une crise régionale 

À travers les plaines arides du Sahel, des centaines de milliers d’enfants ont déjà marché aux côtés de leurs familles, fuyant la violence qui les pourchasse année après année. Certains ont fui en quelques heures, abandonnant tout derrière eux, tandis que d’autres, restés sur place, ont vu leur école fermer et leur avenir s’assombrir. 

Le Mali et le Burkina Faso, qui ont longtemps échappé aux grandes crises sécuritaires régionales, sont aujourd’hui au cœur d’une tempête humanitaire sans précédent. Selon les dernières données de l’ONU, rien qu’au Burkina Faso, plus de 2 millions de personnes (10% de la population totale) ont été déplacées dans la région, dont une majorité d’enfants.  

Mais comment en est-on arrivé là ? Quels sont les mécanismes qui transforment ces enfants en réfugiés sur leur propre territoire ? Pour comprendre, il faut revenir aux racines du chaos qui secoue le Sahel. 

Une crise humanitaire ancrée dans l’instabilité régionale

La question des déplacés internes au Mali et au Burkina Faso est indissociable de l’histoire récente de ces pays. Trois facteurs majeurs expliquent cette tragédie humanitaire : l’insécurité croissante liée aux conflits armés, la dégradation des conditions climatiques et aux difficultés d’accès aux services publics

Petite fille au Mali

Le spectre du conflit : une région sous tension

Depuis 2012, le Mali est plongé dans un conflit dont les ramifications se sont propagées bien au-delà de ses frontières. Des groupes djihadistes, affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ont prospéré au Nord du pays dans les zones frontalières du Niger et du Mali. Le Burkina Faso, relativement épargné jusqu’en 2015, est ensuite devenu une cible privilégiée de ces groupes armés. Attaques contre les forces de sécurité, enlèvements et massacres de civils se sont multipliés, forçant des villages entiers à fuir.  

Avec le retrait des forces françaises et européennes, le Mali et le Burkina Faso ont redéfini leurs alliances militaires. Ce changement a également contribué au déséquilibre géopolitique du Sahel. 

Changement climatique et pressions économiques : l'exode silencieux

Au-delà de la violence, une autre menace pèse sur les populations du Sahel : la désertification et la raréfaction des ressources naturelles. Dans cette région où 60% à 80 % des habitants vivent de l’agriculture ou de l’élevage, les sécheresses successives ont rendu les terres infertiles. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs se sont intensifiés, exacerbant les déplacements. 

Les communautés locales n’ont souvent d’autre choix que de migrer vers des villes déjà surpeuplées, où elles se retrouvent dans une précarité extrême. Les enfants sont les premiers touchés : plus d’un million d’enfants de moins de 5 ans souffrent malnutrition aiguë au Centre Sahel. Privés de nourriture et de soins de base, ces jeunes sont en première ligne face aux risques d’exploitation et de violences. 

Les difficultés d’accès aux services publics : une génération sans école

Les conflits et l’exode rural ont provoqué une fermeture massive des infrastructures éducatives. Au Burkina Faso, plus de 6100 écoles ont fermé leurs portes, privant 1,2 million d’enfants d’éducation. Au Mali, la situation est tout aussi préoccupante : plus de 350’000 enfants sont aujourd’hui exclus du système scolaire en raison de l’insécurité et de la pauvreté de leurs familles. 

Les enfants déplacés internes sont parmi les plus touchés. Arrachés à leur environnement, ils se retrouvent dans des camps de fortune ou des familles hôtes, où l’école n’existe souvent plus, ou n’est accessible que de manière temporaire et surchargée. Loin de leurs repères, ils doivent composer avec des conditions de vie extrêmement précaires : manque d’eau potable, insécurité alimentaire, absence de soins médicaux et promiscuité. 

Ces camps, souvent improvisés dans les faubourgs des grandes villes, regroupent des populations vulnérables vivant dans une extrême précarité.  Nombreux sont les enfants qui travaillent dès leur plus jeune âge pour aider leur famille, collectant des déchets ou vendant des marchandises dans la rue. Les filles sont particulièrement exposées aux mariages forcés et aux violences basées sur le genre, une réalité exacerbée par l’absence de protection sociale. 

Privés d’éducation, ces enfants risquent d’être piégés dans un cercle vicieux de précarité et de violence. Certains sont recrutés par des groupes armés, d’autres sombrent dans l’exploitation domestique ou le travail forcé. Sans accès à l’école, ils perdent aussi un espace de protection et d’espoir pour l’avenir. 

Un retour qui pose de nouveaux défis

Ces derniers mois, des avancées militaires ont permis à une partie des déplacés de retourner dans leurs villages d’origine. Mais leur retour ne signifie pas la fin des difficultés : dans ces zones de départ, tout est à reconstruire. Les infrastructures ont été détruites ou abandonnées, et les services publics comme l’éducation et la santé, fermés pendant des mois voire des années, doivent être remis en place. Sans ces conditions essentielles, le retour des familles risque de les replonger dans une situation de grande précarité, rendant la réinstallation particulièrement fragile. 

La crise au Sahel en chiffres

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de personnes déplacées au Burkina Faso, dont une majorité d’enfants.

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écoles fermées au Burkina Faso, privant 1,2 million d’enfants d’éducation.

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enfants déscolarisés au Mali en raison des conflits.

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enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë au Sahel.

Pour aller plus loin : l’éducation, un espoir pour les enfants déplacés

Si cette crise prive des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation, des initiatives locales permettent de leur redonner une chance. Au Mali, des écoles et des espaces d’apprentissage sont recréés pour offrir aux enfants déplacés un cadre protecteur et porteur d’espoir. Découvrez ces programmes qui changent des vies :