De retour du Sénégal

De retour d’une récente mission au Sénégal, Michel Vacheron – membre du Comité de Terre des Hommes Suisse et collaborateur projets – vous fait partager quelques impressions à chaud.

De retour d’une récente mission au Sénégal, Michel Vacheron – membre du Comité de Terre des Hommes Suisse et collaborateur projets – vous fait partager quelques impressions à chaud.

Au plan politique, le Sénégal est un des pays les plus stables d’Afrique. Le multipartisme y  existe depuis 1976 et des élections véritablement démocratiques permettent l’alternance au niveau du gouvernement. Une remarquable liberté d’expression permet à chacun de donner son avis sur les actions des dirigeants ; une nombreuse presse écrite et audiovisuelle, souvent critique voire satirique, ainsi que des réseaux sociaux actifs reflètent librement la diversité des opinions.

Un autre aspect positif est la présence d’une population jeune (plus de la moitié des habitants ont moins de 20 ans), de mieux en mieux formée, qui constitue un potentiel évolutif important. Bien dirigé, le pays pourrait connaître un développement économique important, d’autant plus que les potentialités sont énormes. Le nouveau président, élu en mars dernier, parviendra-t-il à relever ce défi ?

Ces éléments positifs ne peuvent cependant cacher le quotidien difficile d’une bonne partie de la population. De trop nombreuses personnes vivent encore de petits boulots, aux revenus aléatoires, qui les obligent  à subsister au jour le jour. La nourriture du lendemain n’est jamais assurée et la moindre difficulté (maladie, entretien de la maison) pose souvent des problèmes insolubles. L’école, en principe gratuite et ouverte à tous, souffre de difficultés structurelles importantes (effectifs surchargés, manque de locaux, qualité médiocre de l’enseignement) qui occasionnent une grande déperdition en cours de scolarité.

A cela viennent s’ajouter la flambée des prix des produits de première nécessité et les effets de l’actuelle crise mondiale, qui obligent bien des familles à ne prendre plus qu’un repas par jour. La récente décision du gouvernement de subventionner ces produits n’apporte qu’une solution très partielle au problème.

La réponse traditionnelle et encore très présente à ces maux est la solidarité familiale. On ne laissera jamais un membre de la famille dans les difficultés, même s’il faut se serrer un peu plus dans la maison ou partager un repas déjà modeste. Les vieux font encore l’objet d’une réelle considération ; pour la plupart des jeunes adultes, il serait honteux de ne pas prendre en charge ses parents âgés.

Le Sénégal  a connu quelques manifestations de violence liées à la flambée des prix, aux dernières élections et à l’inculpation d’un des principaux chefs religieux. Mais, de manière générale, le pays jouit encore d’une stabilité enviée par bien des populations africaines. Cependant, bon nombre de jeunes n’admettent plus la corruption encore largement présente dans le pays ; ils revendiquent une société plus juste, plus respectueuse de l’individu, qui leur offre de véritables perspectives.

Par ses actions dans ce pays, Terre des Hommes Suisse contribue à améliorer l’avenir scolaire et professionnel de certains jeunes et à assurer une vie décente à des communautés paysannes touchées par l’épuisement des terres agricoles. La visite de ces projets m’a conforté dans l’idée que Terre des Hommes Suisse apporte des réponses, certes partielles, mais pertinentes aux maux dont souffre encore la société sénégalaise.