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Rencontre avec les enfants travailleurs du cimetière général de Cochabamba (07 juin 2012)

Ce matin, nous partons rejoindre deux éducatrices de l’association Ave (Audio Visuales Educativos) qui nous emmènent au cimetière général de Cochabamba où nous allons rencontrer les enfants travailleurs. L’éducatrice Lisette est chargée de matériels audiovisuels et nous restons quelque peu abasourdi à l’idée d’aller filmer dans un cimetière.

Pourtant nous entrons dans ce lieu culte où tout naturellement arrive Sumaya, âgée de 10 ans, qui aide Lisette à installer la caméra. Sumaya nous montre son “credencial”, son carnet d’enfants-adolescents travailleurs qui lui permet d’entrer dans le cimetière. Puis un petit garçon arrive en courant auprès de Lisette afin qu’elle lui réédite son carnet car le sien a échu.

Les uns après les autres, les enfants nous montrent leur carnet avec fierté. Ce “credencial” est une véritable réussite aquise grâce au travail d’Ave avec les syndicats d’enfants et d’adolescents travailleurs de la région. Il permet de réguler les enfants qui travaillent au cimetière et il leur assure une reconnaissance pour le travail qu’ils effectuent: valorisés et protégés, ils sont identifiés comme travailleurs et non comme “petits délinquants”.

Bien qu’aujourd’hui soit un jour férié en Bolivie, les enfants ont préféré venir au cimetière plutôt que de rester chez eux. Car non seulement c’est un lieu de travail, mais aussi un endroit pour retrouver des amis.

Enfants travailleurs du cimetière de Cochabamba ||

Un petit groupe s’anime à la vue de la caméra et Sumaya participe activement à l’activité proposée par les éducatrices. Elle prend son rôle de journaliste très au sérieux et nous nous prenons au jeu en répondant à ses questions, préparées auparavant. Le rôle du réalisateur est effectué par un jeune adolescent qui travaille au cimetière depuis son plus jeune âge. Jonny, 18ans, joueur de guitare, nous explique que grâce aux activités audiovisuelles éduactives d’Ave, il a surmonté sa timidité et amélioré son estime de soi. Aujourd’hui, il est même devenu le leader d’un syndicat d’enfants et adolescents travailleurs.

La présence des éducatrice d’Ave chaque fin de semaine et leur travail assidu ont permis de gagner la confiance des enfants. En faisant des films avec eux, elles apprennent à les connaître, ils se confient ainsi de façon indirecte et cela leur permet de détecter d’éventuels cas qui nécessiteraient un suivi social, comme des cas de maltraitance ou d’exploitation au sein de la famille. Aussi, même en notre présence, les échanges et discussions s’engagent et les enfants présents nous expliquent leur travail, toujours en ayant un regard attentif sur les potentiels clients. Leur travail? Arroser les plantes, changer les bouquets de fleurs, nettoyer les pierres tombales ou prier en échange de quelques bolivianos. En une journée les plus grands gagnent jusqu’à 80 voir 100 bolivianos et les plus petits repartent avec 20 bolivianos. Sumaya nous explique que cet argent permet à sa maman d’acheter des fruits et des légumes pour nourrir cette famille de 6 enfants.

Nous entamons la visite du cimetière en compagnie d’une ribambelle d’enfants qui allégrement nous guident à l’endroit des “âmes perdues” en nous raccontant des histoires fantastiques dans l’espoir de nous effrayer. En chemin, nous nous arrêtons devant la tombe de Teofilo Vargas, un fameux compositeur bolivien. Les enfants regarnissent le pot de fleurs, mettent de l’eau fraîche puis entonnent une prière. Et tout naturellement, nous nous dirigeons vers la sortie du cimetière et là, place aux jeux. Les garçons s’adonnent à la toupie chinoise, tandis que les filles se convertissent en véritables photographes. Nos appareils photos passent de mains en mains dans des éclats de rire jusqu’à épuisement de la batterie.

A la sortie du cimetière, place aux jeux ||