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Buenaventura / 23-24 octobre 2013

Nous initions la route pour Buenaventura, une ville portuaire  de 300’000 habitants sur une presqu’île en plein milieu du Pacifique, bordée de jungle. Son port prend de l’essor dès 1930, pour ne cesser de grandir, surtout depuis les années 80. Il voit passer aujourd’hui le 70% du commerce d’importation et exportation du pays (légal et illégal…).

Cette ville, où les gens travaillaient principalement dans le port, subit un fort taux de chômage (plus de 60%), suite à la mécanisation des tâches et au fort déplacement des populations à cause du conflit armé, le 50% de ses habitants sont arrivés ses 15 dernières années, surtout du Chocó, et sont à 80% de descendance afro.

Vue de Beunaventura.

 

Une unique route de passage nous mène au centre. Sur ma droite, les containers se mélangent aux habitations. Ils parsèment le paysage de Buenaventura sur l’ensemble de son territoire. J’ai la sensation que le port s’engouffre et s’impose au milieu de la population. Pas de distinction de zones. Entre les pilotis des maisons en bois, construites par la force des choses au bord même de l’océan, on peut apercevoir le Pacifique, au bord même des maisons. Mais nous ne sommes pas devant un paysage idyllique au bord de mer dans le quartier de La Punta del Este. Au contraire. Des amas de terre et de détruits forment les rues de quartier, créées par les habitants au fur et à mesure de leur arrivée.

 

Au fond, les lumières du port.

Depuis les années 90, cette ville portuaire s’est imposée comme point stratégique à différents niveaux. Pour l’Etat qui concessionne ses terres à de grosses multinationales, et qui veut construire un port de tourisme, déplaçant de cette manière 1300 familles. Pour le trafic de drogue, mené par les différentes acteurs guérilla, paramilitaires… Tous les acteurs armés sont présents à Buenaventura. En effet, en plus de son positionnement au milieu du Pacifique, la jungle dense qui entoure la ville, facilite toutes sortes de trafic sans être vu. Un petit tour vers le port, nous fait comprendre aisément cette situation.

Au milieu de ce contexte, des jeunes qui subissent les conséquences de ses enjeux: recrutement forcé, menaces, trafic de drogue, prostitution… Notre discussion avec des adolescents du quartier, nous plonge dans leur réalité. Comment suite à des menaces, des jeunes doivent partir, sans même avoir le temps de prévenir leurs parents, un, deux ans le temps que les choses se tassent. Si possible. Ici, je retrouve aussi cette force déjà présente chez les jeunes rencontrés à Cali, où malgré ce contexte plus que difficile, persiste la volonté de s’en sortir, d’aller de l’avant et de projeter dans un projet de vie concret pour leur futur.