Ce matin, nous sommes au siège de Fundac, une association soutenue depuis 2004 par Terre des Hommes Suisse. C’est un réseau de jardins d’enfants appuyé par des mamans. Elles ont été formées et officient aussi de «mujer escucha» (femme qui écoute) pour aider à faire le lien entre les jeunes enfants et leur famille. Après ces années de soutien, Fundac va voler ses propres ailes suite à la volonté de la Mairie de Bogotá d’investir de manière conséquente dans la petite enfance. 7 femmes dynamiques nous accueillent dans le centre.
Je prends le temps de discuter avec Carmen, une femme fière venue toute petite déjà à Bogotá de la région du Chocó. Cela fait 8 ans qu’elle est à Fundac. Elle a pu y guérir ses blessures et celles d’autres femmes, prendre confiance en elle et suivre des études, se former. Elle se présente comme «mujer escucha» de première génération, de celles qui ont suivi la toute première formation il y a quelques années. Elle me parle de ces incertitudes quand à la suite, du besoin d’un engagement clair de la Mairie, mais aussi de sa volonté à continuer de revendiquer de la même manière contre les inégalités de son quartier, malgré le fait de passer au statut de fonctionnaire. Malgré les doutes liés au changement, l’investissement des autorités pour la petite enfance est positif et plein d’espoir. Quand je lui demande de partager un moment fort de ces 8 années, elle me répond après une courte réflexion: « Mon premier entretien seule avec les femmes. Me rendre compte que grâce à mon vécu et mon expérience, je pouvais aider et améliorer la vie d’autres femmes.»
Au moment de les quitter, l’ambiance est émue. C’est une belle page qui se tourne pour ces femmes.
