Au petit matin, nous prenons la route pour le petit village de Severa dans le département de Córdoba. Petite traversée du fleuve Sinú en «ferry» local (une plateforme en bois qui poussée par le courant de l’eau nous amène sur l’autre berge), et nous continuons vers le village sur une route de terre.
À l’école de Severa, nous sommes accueillis par les jeunes responsables du potager scolaire. Ils nous le font découvrir. Moi qui m’attendais à quelques petites plantations… je suis étonnée de l’ampleur de ce jardin! Tomates, aubergines, maïs, ají, concombres, ciboulette, oignons, papayes… Oh, et bien sûr le manioc! On a même droit à une récolte improvisée. Pas évident à déterrer ce manioc. Les jeunes ont l’air très engagés dans ce projet, chaque groupe est responsable d’une petite parcelle. Ils nous parlent de l’importance du potager, de savoir faire pousser des aliments. Plus tard, une des filles veut devenir agronome, une autre policière, un autre footballeur, un autre ne sait pas encore. Ils nous parlent aussi de leurs droits, de la violence présente dans la région comme au sein des familles, de la pièce de théâtre qu’ils viennent de produire…
Plus tard dans la journée, je discute avec Luz Dali, une jeune fille de 15 ans. Cela fait 3 ans qu’elle a commencé les ateliers avec Sinú. C’est sa mère qui a d’abords pris contact avec le groupe de femmes du programme, et suite à son conseil, Luz Dali s’est elle aussi engagée dans le groupe de jeunes. Quand elle parle de sa maman, ses yeux brillent. Elle en est fière! Fière de comment elle s’en est sortie, de comment elle a fait face aux différentes adversités et du courage et de la volonté dont elle fait preuve. Encouragée par elle, Luz a d’autant plus envie de continuer à s’engager dans le groupe comme promotrice des droits des jeunes et de prévention aux violences.
