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Au pays des hommes intègres – 30.11.2014

Voilà maintenant une semaine que nous sommes au Burkina Faso. A Ouagadougou et dans les autres villes du pays, la vie a repris son cours normal, après les mouvements sociaux qui, début novembre, avaient fait descendre dans la rue des dizaines de milliers de personnes, laissant quelques stigmates comme l’incendie du bâtiment du parlement.

Ces mouvements ont eu raison de l’ancien président, Blaise Compaoré. En voulant modifier la constitution pour briguer un nouveau mandat après 27 ans au pouvoir, il a montré la distance qui sépare certains présidents africains des préoccupations de leurs concitoyens. Pour beaucoup, cela a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de l’inacceptable. Les Burkinabè espèrent que cela ouvrira la voie à des pratiques plus vertueuses dans l’exercice du pouvoir et servira d’avertissement à d’autres chefs d’Etat qui auraient ce même type de velléité.

Un gouvernement provisoire est maintenant en place, qui semble accepté par une grande majorité de la population. Il va assurer la transition jusqu’aux élections de novembre 2015 qui permettront de renouveler, de manière démocratique, l’ensemble des instances politiques, de la commune au gouvernement national.

La figure charismatique de Thomas Sankara, qui a dirigé le pays de 1983 à 1987, avant d’être assassiné avec la complicité des services secrets occidentaux, refait surface. Elle pourrait servir de modèle à une gouvernance plus intègre et plus proche du peuple, qui aurait comme préoccupation première le développement du pays avant l’enrichissement personnel des dirigeants.

Dans les rues de la capitale, le ballet des motos, principalement d’origine chinoise, évolue parmi des voitures étonnamment peu nombreuses dans une ville de plus de 2 millions d’habitants, comme pour rappeler que le Burkina Faso a un des PIB les plus faibles du monde.

Les visites chez nos divers partenaires ont clairement mis en évidence une des qualités du peuple burkinabè: sa gentillesse et sa grande disponibilité. A chacune de nos demandes, la réponse est toujours la même: «Y’a pas de problème!».

Les femmes se mobilisent pour les droits de leurs enfants||

Or, à l’échelle du pays, des problèmes, il y en a: une pauvreté endémique qui maintient plus de 40% de la population en-dessous du seuil de pauvreté, un dramatique chômage des jeunes qui leur offre peu de perspectives pour construire leur avenir, une agriculture qui occupe encore plus de 70% de la population mais peine à nourrir ceux qui la pratiquent, un système scolaire qui demeure médiocre et peine à offrir des perspectives crédibles à ceux qui en sont issus… pour n’en citer que quelques-uns.

40% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté||

Beaucoup d’espoirs reposent sur le nouveau gouvernement. Saura-t-il améliorer les pratiques agricoles, attirer les investissements et surtout mettre en valeur l’énorme potentiel que constituent les jeunes, dont les moins de 20 ans représente plus de 60% de la population? Saura-t-il mobiliser une population qui reste étonnement attachée à son pays dans un grand projet national qui parviendra à fédérer les énergies? C’est ce qu’on peut espérer pour ce pays attachant.