Aujourd’hui, nous retournons au village de Gounghin afin de découvrir les projets mis en œuvre pour sensibiliser les jeunes aux dangers du travail sur les sites d’orpaillage et leur permettre de développer des alternatives économiques. Dans ce village un GRA (groupe recherche action), composé d’habitants du village, s’est penché sur la question, jouant le rôle de pionnier parmi les communautés paysannes soutenues par Diobass.
Nous avons d’abord visité un centre de formation en aviculture qui organise des sessions destinées chacune à une dizaine de jeunes entre 14 et 17 ans pour les initier à des pratiques novatrices en matière d’élevage de poulets. Au terme de cette formation, le jeune repart chez lui avec un coq et une poule qui, bien gérés, constituent le point de départ d’une AGR (activité génératrice de revenu). Le suivi sanitaire est assuré par un vétérinaire et des produits à base de plantes remplacent les antibiotiques encore trop souvent utilisés dans ce type d’élevage. Le centre de formation est en partie autofinancé par la vente de sa propre production de poulets. Cette activité constitue une vraie alternative à la fréquentation des sites d’orpaillage, dans la mesure où elle fournit un revenu régulier et une vente assurée de la production. A moyen terme, un document de capitalisation de cette démarche novatrice sera publié, qui permettra de dupliquer cette action dans d’autres villages.
Un autre type de formation est proposé aux jeunes: la confection d’objets en cuir (sacs, ceintures, boîtes, etc.). La région de Kaya a développé une réelle expertise dans ce domaine et la qualité de ses produits est reconnue bien au-delà des frontières nationales. Un maître artisan issu du village assure cette formation, au terme de laquelle un kit d’installation est donné à chaque jeune pour lui permettre de devenir son propre entrepreneur. Ce projet est également conçu pour être répliqué dans d’autres villages.
Le GRA est également à la base d’une activité porteuse en termes de sensibilisation: la création d’une troupe de théâtre constituée de jeunes du village. Cette troupe a mis au point une pièce qui, à partir de situations simples liées à la vie quotidienne, permet de mettre en évidence les dangers de l’orpaillage. Le recours au théâtre pour faire passer un message est fréquent au Burkina Faso. Une représentation est toujours un moment fort dans la vie d’un village. La pièce est suivie d’une discussion avec le public, qui est incité à proposer des alternatives aux problèmes mis en évidence. Au terme d’une phase exploratoire, la troupe a ressenti le besoin de travailler avec un metteur en scène professionnel, afin d’améliorer les prestations des acteurs et la qualité du message délivré. La troupe est actuellement constituée d’une quinzaine de jeunes bénévoles entre 14 et 20 ans, tous aux études, qui constituent la preuve vivante que la poursuite de la scolarité offre de véritables opportunités de réussite. Elle intervient à la demande dans les communautés qui la sollicitent.
Nous avons été impressionnés par la forte détermination de ces jeunes à demeurer dans le système scolaire, malgré les railleries de bon nombre de leurs camarades qui pensent que le «Bic ne peut pas les nourrir».
Au Burkina Faso, la présence d’enfants sur les sites d’orpaillage est interdite par la loi. Mais la visite de certains sites nous a montré que cette loi est loin d’être respectée. A cela, plusieurs raisons, mais la principale est la pauvreté des familles qui pousse les jeunes à rechercher des activités rémunérées, même modestement, pour contribuer au revenu familial ou pour satisfaire des besoins personnels comme l’achat de vêtements, d’un téléphone portable ou d’une moto. La problématique est complexe, les défis immenses, mais des initiatives comme celles du GRA de Gounghin ne peuvent que contribuer à l’amélioration de la situation.
