Séisme en Haïti: 5 ans après…

Après la phase d’urgence puis de réhabilitation des projets menés sur place en faveur des enfants, Terre des Hommes Suisse promeut une nouvelle action.

Cinq ans après le séisme, nouvelle forme de soutien apporté par Terre des Hommes Suisse en Haïti

En 2010, Haïti, et en particulier la région de Port-au-Prince, était dévastée par un tremblement de terre. Après la phase d’urgence puis de réhabilitation des projets menés sur place en faveur des enfants, Terre des Hommes Suisse promeut une nouvelle action.

Le 12 janvier 2010, la coordinatrice haïtienne de Terre des Hommes Suisse, Guerty Aimé, est en première ligne. Son premier geste est de recenser les dégâts dans son environnement, d’aider les gens à quitter leurs maisons écroulées ou endommagées, de les conseiller pour s’abriter, parfois dans les voitures, de trouver de l’eau, des aliments. Et de s’enquérir, difficilement car les lignes téléphoniques étaient coupées ou encombrées, du sort de nos partenaires, des enfants qu’ils abritent, de leur personnel.

Très vite s’installe une situation de crise au siège de Terre des Hommes Suisse. Notre organisation n’est pas suffisamment équipée pour l’aide d’urgence, mais nous ne pouvons rester les bras croisés. Nous soutenons depuis plus de vingt-cinq ans des projets dans ce pays. Un premier budget de secours est immédiatement alloué.

Organisation d’accueil des enfants, nourriture, tentes, salaires supplémentaires au personnel des programmes, etc. La Chaîne du Bonheur lance des appels qui seront bien suivis et qui nous permettront d’agir à court, moyen et long terme, grâce à notre coordinatrice haïtienne et à nos partenaires, traumatisés certes, mais qui ne baissent pas un instant les bras. Tristesse d’apprendre le décès d’une partenaire, Magali, retournée dans une maison pour chercher un enfant… et la maison de s’effondrer à ce moment…

Après les premiers secours portés aux victimes de la catastrophe, les autorités haïtiennes, de concert avec différentes organisations, se penchent sur la question de comment mieux se préparer à des catastrophes naturelles. Il faut se rappeler que l’île d’Haïti se trouve non seulement sur des failles tectoniques mais aussi sur la route de nombreux ouragans et tempêtes tropicales. Leurs conséquences peuvent s’avérer aussi désastreuses. En 2008, par exemple, les pluies torrentielles couplées de la déforestation de montagnes ont causé une inondation et couvert la ville de Gonaïves d’une couche de boue de deux mètres, faisant ainsi de nombreuses victimes et d’énormes dégâts matériels.

Cinq ans ont passé. Certaines plaies sont aujourd’hui cicatrisées, d’autres sont toujours là. Les routes de la capitale ont été déblayées, les camps de tentes les plus visibles ont été démantelés. Des plans  ont été élaborés et des lois votées. La population n’est toutefois pas réellement préparée à des risques liés aux aléas de la nature. Pourtant, des moyens simples, tels que la prise de conscience, des formations ou des aménagements rudimentaires, peuvent sauver des vies. Malheureusement, trop souvent encore, les catastrophes sont considérées comme une fatalité ou une punition divine inévitable. Comme l’a rappelé Ban Ki-moon à l’occasion de la Journée Mondiale de réduction des risques de catastrophes en 2011, «chaque fois qu’une catastrophe survient, c’est la nature que l’on accuse. On oublie trop souvent que, par ses activités mêmes, l’homme accroît les risques et transforme un danger virtuel en catastrophe réelle».

Afin de pallier ce besoin, Terre des Hommes Suisse vient de démarrer un nouveau projet. «Nou Pare», qui veut dire en créole «Nous sommes prêts», a pour objectif de mieux préparer nos huit institutions partenaires haïtiennes à faire face aux catastrophes naturelles. Notre souhait est de mieux protéger les enfants et les familles qui fréquentent les lieux soutenus par notre organisation, mais également de promouvoir auprès des communautés une autre approche face aux forces de la nature.

Ce projet est mis sur pied avec le concours de la Chaîne de Bonheur et l’apport bénévole de chercheurs de l’Université de Genève. Ces synergies entre le Nord et le Sud permettent d’échanger expériences et compétences pour un enrichissement mutuel. La première visite sur le terrain de ces spécialistes en géologie et en gestion de risque et désastres s’est achevée en décembre 2014. Elle leur a permis d’évaluer des lieux, d’adapter le matériel didactique et de former les enseignants – personnes relais qui vont mettre en place ce programme dans leurs institutions respectives. Les enfants vont ainsi apprendre quels comportements adopter en cas d’un tremblement de terre, comment se préparer à l’approche d’un ouragan et comment prendre soin de leur environnement pour limiter les risques. Par exemple, les détritus jetés dans les cours d’eau les obstruent et peuvent provoquer des inondations, même lors d’une simple pluie. Cette attitude proactive sera certainement transmise à leur tour par les enfants auprès de leurs parents et de leurs proches.

La prise de conscience et la sensibilisation sont très importantes, mais le projet soutenu par Terre des Hommes Suisse souhaite aller plus loin. Dans une deuxième phase, les instituteurs, ensemble avec les enfants et soutenus par les scientifiques genevois, vont travailler sur des «plans de contingence». Il s’agit  de l’analyse concrète d’un lieu, par exemple une école ou un internat, afin d’identifier des mesures à prendre, prévoir des actions adaptées aux différents aléas, répartir des tâches et des responsabilités et établir le protocole d’évacuation. De plus, trois  des institutions partenaires bénéficieront d’un soutien matériel pour pouvoir s’équiper et servir de lieux de refuge pour les élèves et leurs proches en cas de catastrophe.

Des organisations populaires haïtiennes analysent la situation et proposent des pistes pour l’avenir

Un dossier de presse téléchargeable ici – qui s’adresse principalement aux journalistes étrangers qui vont couvrir cette commémoration, mais aussi aux personnes intéressées – a été rédigé par dix-sept organisations de la société civile haitienne puis mis en forme par un comité de rédaction issu de la plateforme Suisse – Haïti, dont Terre des Hommes Suisse est membre.