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Entrée en scène de Luciana, Salvador, le 13 avril 2015

J’adore les petits déjeuners brésiliens: papaye, ananas, fromage «minas», «beiju» (galette de manioc) et jus de «maracujá» (fruit de la passion). Peu après ce plaisir de table, Luciana, la coordinatrice nationale de Terre des Hommes Suisse (TdH) au Brésil, vient nous chercher à l’hôtel. La rencontre est chaleureuse, comme toujours ici. L’hôtel n’est pas loin du bureau de coordination de TdH au Brésil et nous choisissons d’effectuer le chemin à pied. Il est 9h, il fait chaud et humide.

Terre des Hommes Suisse – ainsi que nos «cousins» de TdH Bâle et d’autres ONG – loue une salle dans les bureaux du CESE (Centre oecuménique de services). Ce regroupement, courant dans le monde les ONG, permet à chacune d’effectuer des économies et de bénéficier d’une ambiance d’échange et de partage des savoirs.

Ces missions sur le terrain sont passionnantes, mais ne sont pas des sinécures. Malgré un temps radieux et des magnifiques plages pas loin, Luciana a plein de choses à nous dire et nous passons la journée entière en réunions, histoire d’échanger sur les dossiers et de préparer les visites des partenaires de ces prochains 11 jours.

Dans les bureaux de la coordination nationale au Brésil||Beto Duraes

Sophie et moi devons acheter des reais et le bureau de change le plus proche se situe dans le Shopping center Barra, à cinq minutes en taxi et 10 Reais* plus loin. Il est une heure et les discussions donnent faim. Dans ce temple de la société de consommation, il y a plein de restaurants et Luciana nous en conseille un où on mange bien et à gogo. En effet, le buffet est délicieux. Quelque chose me frappe et me dérange: tout le personnel du restaurant est afro-descendant et tous les clients sont blancs, à part Luciana qui est métisse. Je fais part de cette constatation et une discussion sur ce thème est lancée entre nous.

Au Brésil l’esclavage a été «aboli» très tardivement en 1888 et des séquelles sont encore visibles. La réputation du Brésil d’être un pays où les différentes races vivent en harmonie est un mythe. Même à Bahia où les noirs sont majoritaires, la discrimination envers eux et l’inégalité des chances est une réalité visible.

Mais la résistance s’organise. Luciana nous décrit plusieurs occasions où sa couleur de peau lui a joué des tours dont l’une qui a provoqué une forte réaction: en arrivant à Salvador de son Recife natal pour travailler à TdH, un propriétaire n’a pas voulu lui louer un appartement parce qu’elle était métisse! Déprimée, elle raconte les faits aux collègues au CESE qui se solidarisent immédiatement et organisent un boycott du propriétaire indélicat auprès de toute la communauté des ONG de Salvador…

Terre des Hommes Suisse et ses partenaires luttent contre cet état de fait en soutenant notamment des projets éducatifs qui valorisent la culture afro-brésilienne. Demain nous partirons à Ilhéus pour rencontrer l’un de ces partenaires.

*environ 3.- francs suisses.