You are currently viewing A la rencontre des communautés musulmanes du West Bengal

A la rencontre des communautés musulmanes du West Bengal

Nous poursuivons notre visite des communautés musulmanes du West Bengal. Notre nouveau partenaire PATH soutient les familles de 10 villages, dont plus de la moitié vit en dessous du seuil de pauvreté fixé par l’Etat indien à 75 Rs par jour, soit un peu plus de 1CHF. L’action de PATH vise à améliorer les conditions de vie de ces familles dont au moins un membre, souvent le mari et les fils dès 12 ans, sont des travailleurs migrants, qui envoient de l’argent à leurs épouses au mieux chaque 2 ou 3 mois et ne rentrent chez eux que pendant les 2 périodes de festivités annuelles (2 fois 1 semaine). L’objectif est ainsi de prévenir l’abandon scolaire, tout en sensibilisant la population aux migrations à risques pour les enfants.
 
Ces femmes, qui ont souvent quitté l’école trop tôt pour savoir correctement lire et écrire, ont peu d’opportunités de générer du revenu, excepté la fabrication des bidis, les cigarettes locales, activité pour laquelle elles dépendent entièrement d’un seul intermédiaire qui fixe seul les conditions. PATH a donc favorisé la création de jardins potagers familiaux et de Self Help Groups (SHG) au sein de ces communautés. Ces groupes de femmes, très répandus en Inde, visent à favoriser l’émancipation de ses membres en apportant la confiance liée au « être plus fort ensemble que seule ». La première activité pour le groupe consiste à s’organiser en élisant une Présidente, une secrétaire et une trésorière. Cette démarche permet ensuite d’avoir une reconnaissance du gouvernement local et d’ouvrir un compte en banque pour le groupe. Ensuite, les femmes se mettent d’accord sur un montant d’épargne que chacune versera chaque semaine ou chaque mois. Cette cagnotte pourra ensuite être prêtée à l’une des femmes qui devra rembourser sa dette une fois son activité génératrice de revenus mise sur pied. Le montant pourra aussi être investi dans un projet plus collectif, au bénéfice de tous les membres. En Inde, ces SHG permettent également de pouvoir toucher des aides du gouvernement, notamment celles auxquelles ont droit les familles les plus démunies.
 
Quant aux jardins potagers familiaux, ils sont pour le moment réservés aux familles disposant d’un petite espace de terre, la région bénéficiant d’une terre arable de bonne qualité, proche du fleuve marquant la frontière avec le Bangladesh. Au nombre de 25 aujourd’hui, le potentiel est d’environ 70 potagers à mettre en place court terme. Dans un futur proche, PATH souhaite également implanter de tels potagers pour les familles sans terre, à installer sur les toits des maisons ou dans les cours intérieures. Ils apportent un complément alimentaire avec des légumes frais et variés à disposition, une fierté aux femmes qui en ont la responsabilité et potentiellement une source de revenu en cas de surproduction.
 
 
Tajmira Bibi est fière de son jardin, dans lequel poussent toutes sortes de légumes et de fruits tels que bananes et papayes. Elle mobilise pour l’entretenir les enfants du Child club voisin, ce qui leur permet d’acquérir quelques notions d’agriculture. Pas de produits chimiques ici, seulement des fertilisants naturels issus des arbres locaux. Les seuls investissements nécessaires ont été l’achat des bambous et des filets pour la clôture, qui empêche les chèvres de venir croquer les jeunes pousses.
 
 
Sa fille de 15 ans poursuit ses études et voudrait devenir infirmière. Elle a réussi à convaincre ses parents de la laisser poursuivre son rêve et de ne pas la marier trop rapidement.
 
 
Tajmira Bibi a 4 enfants, et pose avec son dernier fils de 7 ans. Tous les 4 vont à l’école et fréquentent le Child club voisin dans lequel ils font leurs devoirs chaque jour et reçoivent un appui personnalisé. Ces centres sont aussi un espace de liberté d’expression pour les enfants mais aussi de loisirs. Le manque d’espace de jeux extérieurs est flagrant, c’est un exemple de revendication que les enfants souhaiteraient porter dans le centre visité.

Ces femmes, qui ont toutes leurs enfants dans le child club de leur village, se sont regroupées récemment en Self Help Group. Elles témoignent de l’importance d’avoir pris confiance dans leur capacité à s’organiser grâce à l’appui du partenaire. Elles ont décidé de verser dans le pot commun du groupe chacune 50 Rs par mois (environ 0.75 CHF), qu’elles épargnent en attendant de définir comment utiliser ce montant.

 
Le panier de l’intermédiaire trônant au milieu du village déborde de bidis qu’un ballet incessant de jeunes filles et de femmes lui apporte. Ces bidis seront ensuite séchés avant d’être envoyés aux 4 coins de la région dans d’énormes ballots transportés en train.