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Former des jeunes déscolarisés pour favoriser leur insertion professionnelle

De retour à Kolkata, cette ville où personne ne s’arrête jamais de travailler… à part les employés qui reçoivent un salaire fixe et qui peuvent jouir d’1 ou 2 jours de repos le week end. Ce dimanche matin, ce sont les bruits d’un chantier voisin qui nous réveillent… Les travailleurs journaliers, payés à la tâche sur des chantiers, transporteurs de marchandises à vélo ou à pied, chauffeurs de touk touk, sont à pied d’oeuvre tous les jours de l’année, avec des salaires insuffisants pour leur assurer des conditions de vie décentes. D’autres encore se sont endettés auprès d’usuriers ou même de banques qui pratiquent des taux d’intérêt ahurissants de 40 ou 50%, à l’image de ce jeune chauffeur de touk touk avec qui nous avons discuté: il a acheté son véhicule 250’000 Rs (environ 3’750 CHF) et devra rembourser 350’000 Rs (5250CHF, dont 1500.- d’intérêts) à la banque auprès de laquelle il a fait un emprunt. Et ce en 3 ans… à 50-80 Rs la course, on comprend qu’il ne s’arrête jamais!

L’association SPAN, soutenue par TdH depuis 10 ans, travaille dans 5 quartiers défavorisés de Kolkata. Son objectif ? Réintégrer dans le système scolaire des enfants qui ont quitté l’école et former les plus âgés à un métier.
Depuis sa création en 2006, SPAN a ainsi permis à 600 jeunes de 15-18 ans d’acquérir les bases scolaires pour réintégrer le système public et à près de 700 jeunes de 18 à 21 ans de se former à un métier: électricité, couture, et maintenant réparation de téléphones portables, esthétique, infirmière, comptabilité ou saisie informatique. A part la formation d’infirmière dispensée dans un hôpital voisin et qui dure 3 ans, les autres formations sont de 6 mois, permettant ainsi aux jeunes de rapidement pouvoir gagner de l’argent, soit en trouvant un emploi salarié, soit en montant sa propre micro-entreprise. Pour ce faire, un fond de micro-crédit est à la disposition de ceux qui présenteront un projet, approuvé par les jeunes et animateurs de SPAN.

Rencontre avec 2 de ces jeunes entrepreneurs, qui forcent le respect de part leur maturité, leur énergie mais aussi leur soif de réussite: ils portent sur leurs épaules la responsabilité de faire vivre à eux seuls leur famille.

Gulsan a 21 ans, elle a du arrêter l’école à 10 ans pour aider ses parents en faisant de petits travaux de couture à la maison. Vers l’âge de 16 ans, elle a entendu parler de SPAN qui proposait des formations et a donc suivi le cours, avec un soutien modéré de ses parents au départ, qui ne voyaient pas d’un bon oeil que leur fille aînée sorte ainsi de la maison. Après 2 mois de formation en esthétique, elle a travaillé pour plusieurs salons de beauté avant de décider d’ouvrir son propre salon. Elle a donc demandé un prêt à SPAN, qui accompagne ces jeunes dans leur projet et leur prête un petit montant d’argent leur permettant de se lancer. Son salon est ouvert 7 jours sur 7, accueille entre 5 et 8 clientes par jour, pour des soins de coiffure, épilation ou beauté. Elle y forme ses copines et une de ses petites soeurs. Aujourd’hui, elle seule apporte un revenu à sa famille, son père étant malade et permet à ses 8 frères et soeurs d’aller à l’école et à son papa de pouvoir se faire soigner correctement. Elle apporte aussi un soutien moral à tous ses frères et soeurs pour qu’ils poursuivent leurs études et soient «de belles personnes». Fierté de tous!

 

Même scénario pour Sakir, 25 ans, qui vit dans le même quartier que Gulsan. Ce quartier aux ruelles étroites a été bâti par une entreprise de jute pour y héberger ses nombreux employés.
Sakir, fils aîné d’une famille de 5 enfants, a lui aussi arrêté l’école vers 10 ans et a depuis toujours travaillé pour faire vivre sa famille, son papa étant décédé des années plus tôt. A 23 ans, il a réussi à suivre le cours de formation à la réparation de téléphones portables, tout en continuant son job dans un call center, pour assurer les besoins familiaux. Après plusieurs péripéties liées à son emplacement, il a ouvert ce petit étal dans une rue voisine de sa maison et accueille une vingtaine de clients par jour, pour de la réparation ou la vente d’accessoires. Il rêve d’ouvrir une échoppe plus grande, dans un quartier plus favorisé de Kolkata. «SPAN m’a permis d’accomplir mon rêve».