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Film « Demain est nous » ce dimanche

Avant-première suisse-romande de la projection du film « Demain est à nous « , réalisé par Gilles de Maistre. Organisé par Ciné-ONU en partenariat avec Terre des Hommes Suisse et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.


Avant-première suisse-romande de la projection du film « Demain est à nous « , réalisé par Gilles de Maistre.

 

Cette projection est organisée par Ciné-ONU en partenariat avec Terre des Hommes Suisse et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. Le film retrace le parcours de plusieurs enfants qui s’engagent pour un monde meilleur en Inde, au Pérou, en Bolivie et ailleurs.

 

La projection sera suivie d’une discussion sur: « Les enfants peuvent-ils vraiment changer le monde? », en présence de Mlle Sokhna Gueye, jeune militante pour les droits de l’enfant au Sénégal et membre du Conseil international des jeunes de Terre des Hommes Suisse, et du professeur Philip Jaffé, membre suisse du Comité des droits de l’enfant.

 

Dimanche 17 novembre à 11h : Cinérama Empire (72-74, rue de Carouge, Genève.

 

Une interview de Gilles de Maistre a été réalisée pour l’occasion, parue dans le journal TdH136, novembre 2019, à lire ci-dessous dans son intégratlité.

 

La parole à Gilles de Maistre 

 

Gilles de Maistre est journaliste, réalisateur, auteur et producteur de cinéma français. Arpentant le monde, il a dénoncé et informé sur des guerres, des famines, dénoncé des situations de violences. Son dernier documentaire, Demain est à nous, sort à Genève en avant-première en Suisse romande. 

 

TdH: Quels sont les principaux messages transmis par les enfants qui apparaissent dans le film?   

GdM: Le principal message au cœur du film est à quel point l’éducation libère. L’accès à l’école est précieux pour des centaines de millions d’enfants sur cette terre. Ils luttent pour obtenir le droit d’aller à l’école, pour terminer leur scolarité. On le voit en Afrique, en Asie, en Amérique latine. Ce droit à l’éducation est également au cœur de la problématique de la misère qui existe partout, également chez nous. 

 

Autre chose que nous demandent ces enfants: qu’il faut les écouter! Et leur faire confiance! Eux seront encore là en 2100. La terre, finalement, leur appartient davantage qu’à nous! 

 

Enfin, un dernier message: les problèmes ne vont pas se régler avec une seule personne. C’est cette chaîne de petits gestes, de petites actions qui va créer une grande vague et changer le monde. Ils s’opposent au discours du « je ne peux rien faire », au « je reste chez moi ». Ils disent Non! Et c’est peut-être cela qui fera bouger l’humanité.

 

TdH: Est-ce que cette mobilisation des enfants vous semble différente de celle des adultes?   

GdM: Cette forme de mobilisation est un état d’esprit, et non une question d’âge. Je me garderai de faire des généralités, mais beaucoup d’adultes qui agissent sont dans un climat négatif, tout est noir, on va dans le mur. Les enfants entendent et sont baignés par ce discours. Mais réagissent de façon plus positive. Ils veulent regarder le verre à moitié plein.  

 

Dans mon film, les enfants ne stigmatisent pas les adultes, les politiques, ils partent de la réalité pour agir. Ils prennent la situation du monde avec beaucoup de cœur, sans idéologie. Ils foncent dans le tas comme des joueurs de rugby. Ils disent: « Réfléchissons moins et agissons plus! » Ils ont beaucoup d’énergie et veulent se faire entendre.

 

A la Une de la presse se trouve une jeune lanceuse d’alerte qui dénonce l’immobilisme des adultes. C’est une chose. Dans mon film, les enfants ne stigmatisent pas les adultes, ils partent de leur réalité pour agir.

 

TdH: Vous dites que les enfants ne cessent de vous inspirer…  

GdM: Je me sers de ce que je sais faire, c’est-à-dire des films, pour donner un peu de sens à tout ça. Je fais des films pour éveiller le monde, notamment mes six enfants à qui je veux dire: « N’ayez pas peur! ». J’aimerais faire passer cette dynamique, ce message optimiste. 

 

Cette génération d’enfants est un tournant. J’ai filmé leurs parents, alors plus jeunes. J’ai dénoncé leurs souffrances. Aujourd’hui, je filme leurs enfants qui disent d’abord NON à cette souffrance avant de dire un grand OUI derrière à d’autres perspectives.

 

TdH: Quelle est l’origine, la première étincelle de ce film? 

GdM: L’origine du film remonte loin. C’était à la fin des années 1980, je tournais le film J’ai douze ans et je fais la guerre. Parmi les enfants, il y en avait un en Colombie, enrôlé dans le mouvement du M19. Je me souviens avoir parlé avec l’un des chefs de cette guérilla, pour lui exprimer mon désaccord: comment pouvait-il exploiter ainsi des enfants et les envoyer à la boucherie? Il m’avait répondu que j’aurais de la peine à comprendre en vivant dans une réalité si éloignée. Qu’en Colombie, les enfants étaient exploités au quotidien, abusés, sans accès à l’école. Comment empêcher un enfant qui vient alors à lui pour dire qu’il veut se battre pour ses droits et sa dignité? Ces propos, certes durs, ont été comme une graine qui a hanté mon travail des années durant. Je voyais ces enfants qui souffraient. Est-ce que je pouvais les aider d’une quelconque manière avec ma caméra? 

 

Pour Demain est à nous, j’ai filmé une centaine d’enfants. J’ai dû faire des choix bien sûr, on ne fait pas un film avec des tableaux excel!, des choix subjectifs, liés à l’émotion qui se dégage des images. Le premier acte de chacun-e pour changer le monde: aller voir le film!

 

 

Demain est à nous. Ils s’appellent José Adolfo, Aïssatou, Heena, Arthur, Peter, Kevin ou Jocelyn. Des enfants venus des quatre coins du monde se lèvent contre l’injustice ou les violences, et luttent pour leurs convictions. Trafic d’êtres humains, travail des enfants, mariages forcés, extrême pauvreté: de l’Inde au Pérou, de la Bolivie à la Guinée, ce film documentaire part à la rencontre de ces enfants qui, si jeunes soient-ils, ont trouvé la force et le courage d’agir.