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Moins d’aide plus de crises

Faisons-nous face à un effondrement du financement de l’aide au développement ? Alors que les besoins humanitaires explosent sous l’effet des crises climatiques, des conflits et de l’instabilité économique mondiale, plusieurs gouvernements coupent dans leurs budgets de coopération internationale. 

Les États-Unis ont drastiquement réduit leur engagement en matière d’aide internationale, notamment via l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le Département d’État. En Suisse, si le parlement a lui aussi réduit le budget de la Direction du Développement et de la Coopération (DDC), c’est principalement la réaffectation des ressources vers l’Ukraine qui a entraîné une diminution importante des subventions destinées aux autres programmes, affectant directement Terre des Hommes Suisse. Officiellement motivées par l’optimisation des dépenses publiques, ces décisions traduisent en réalité une évolution des priorités des pays donateurs, où la solidarité internationale semble reléguée au second plan. Si les restrictions budgétaires sont justifiées par la maîtrise des finances publiques, elles traduisent un virage politique plus profond.

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Aux États-Unis, la réduction de 90 % de l’enveloppe de l’USAID reflète un désengagement progressif des États donateurs envers les populations les plus vulnérables. En privilégiant les impératifs de sécurité nationale et les priorités domestiques, l’aide au développement est perçue comme une charge plutôt qu’un investissement stratégique. Or, en diminuant les financements dédiés à la santé, à l’éducation et à la prévention des conflits, ces crises risquent de s’aggraver, avec des répercussions globales déjà notables dans le mouvement de Terre des Hommes. En Suisse, la diminution des budgets de la DDC répond à une logique similaire : réaliser des économies immédiates au détriment d’un engagement durable. Officiellement motivées par la rationalisation des dépenses publiques, ces coupes marquent un glissement vers une aide conditionnée à des intérêts stratégiques nationaux au détriment des populations du Sud.

Cette tendance pose une question centrale : la Suisse peut-elle continuer à se positionner comme un acteur crédible de la solidarité internationale si elle réduit son engagement financier ?

Face à ce recul, des actions de plaidoyer émergent. ONG et acteurs de la société civile rappellent que l’aide au Faisons-nous face à un effondrement du financement de l’aide au développement ? Alors que les besoins humanitaires explosent sous l’effet des crises climatiques, des conflits et de l’instabilité économique mondiale, plusieurs gouvernements coupent dans leurs budgets de coopération internationale. Moins d’aide Dossier développement est un levier de stabilité mondiale et non une dépense superflue. Terre des Hommes Suisse et plusieurs organisations humanitaires ont par exemple récemment publié une lettre ouverte, « A Call for Humanity », exhortant les dirigeants européens à renforcer leur engagement envers les populations vulnérables.

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Une pression mondiale sur la coopération internationale

Le retrait de l’aide publique au développement aux États-Unis et en Suisse s’inscrit dans une tendance globale. En Europe, plusieurs pays réduisent également leurs contributions. La France prévoit une baisse de 1,3 milliard d’euros en 2025, soit une diminution de 34 % par rapport à Texte par Deniz Ates, rédacteur à Terre des Hommes Suisse plus de crises Des enfants déplacés internes au Burkina Faso soutenus par TdH Suisse. l’année précédente. Cette réduction pourrait priver 71 millions d’enfants de la vaccination de base et affecter 17 millions d’enfants sur le plan scolaire, selon Coordination Sud.

Le Royaume-Uni, quant à lui, a abaissé son budget d’aide internationale de 0,5 % à 0,3 % du revenu national brut, soit une coupe de 6 milliards de livres sterling (l’équivalent de 6.8 milliards de francs suisses). Cette mesure, destinée à financer une hausse des dépenses de défense, a suscité de vives critiques de la part des ONG.

Ces diminutions de financements menacent des décennies de progrès en matière de développement et de lutte contre la pauvreté, aggravant l’instabilité dans les régions les plus fragiles.

Parole au directeur des programmes 

« Face aux défis actuels, nous redoublons d’efforts pour mobiliser les ressources nécessaires à la poursuite de nos actions. Notre priorité reste les enfants les plus vulnérables, ce qui nous pousse à optimiser nos stratégies de financement et à rechercher de nouvelles opportunités pour renforcer notre impact. Cette situation nous amène également à consolider nos partenariats locaux et à développer des approches toujours plus innovantes et ancrées dans les communautés. Plus que jamais, nous intensifions notre engagement et notre créativité afin de répondre aux besoins les plus urgents. »

Stéphan Richard

Directeur des programmes à Terre des Hommes Suisse

Les ONG face aux défis d'une solidarité en mutation

Alors que les crises mondiales se multiplient et se complexifient, la réduction des financements en solidarité internationale accentue la précarité des enfants les plus vulnérables. La coopération internationale, qui a permis d’améliorer significativement les conditions de vie de millions d’enfants au cours des dernières décennies, se retrouve aujourd’hui mise à mal par des arbitrages budgétaires à court terme.

Sur le terrain, les ONG font face à des dilemmes insolubles : maintenir des programmes essentiels avec des ressources réduites, opérer des choix douloureux sur les populations à soutenir ou renoncer à certaines initiatives faute de financements suffisants.

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Depuis 65 ans, Terre des Hommes Suisse a traversé de nombreuses crises économiques et budgétaires. Des chocs pétroliers des années 1970 à la crise financière de 2008, en passant par la pandémie de COVID-19, l’aide internationale a toujours dû faire face à des restrictions et des réajustements. Pourtant, à chaque fois, la solidarité et l’innovation ont permis de maintenir des actions essentielles sur le terrain. Aujourd’hui encore, face aux défis actuels, Terre des Hommes Suisse mobilise son expérience et ses réseaux pour continuer à soutenir les enfants les plus vulnérables.

Des résultats concrets malgré les contraintes

Malgré les restrictions budgétaires, les actions de solidarité internationale continuent de transformer des vies. En 2024, grâce à l’appui combiné de partenaires institutionnels, de fondations et d’acteurs privés, Terre des Hommes Suisse a pu maintenir ses programmes d’éducation dans 10 pays, permettant à près de 300 000 enfants et jeunes d’accéder à une éducation de qualité. Face aux défis actuels, nous intensifions nos efforts pour diversifier nos sources de soutien, notamment en renforçant nos liens avec les particuliers, le secteur privé et les fondations.

Terre des Hommes Suisse face aux défis éducatifs en Colombie

En Colombie, Terre des Hommes Suisse accompagne les enfants exclus du système scolaire à retrouver le chemin de l’éducation malgré un contexte marqué par les conflits armés et les risques de recrutement forcé. Grâce à des stratégies adaptées – sensibilisation des familles, programmes de rattrapage scolaire et activités éducatives – nos partenaires locaux œuvrent pour garantir un avenir aux jeunes les plus vulnérables.

Ecoutez Olivier Grobet, chargé de programme pour l’Amérique latine, nous parler des défis rencontrés sur le terrain et des solutions mises en place.

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Au Sénégal, Terre des Hommes Suisse soutient les enfants à risque d’exploitation en leur offrant un cadre sécurisé, un accès à l’éducation et un accompagnement pour retrouver leur famille lorsque cela est possible. En Colombie, des jeunes marqués par la violence des conflits armés reprennent espoir en intégrant des espaces de protection où ils peuvent apprendre, s’exprimer et construire un avenir loin des dangers. En Inde, des centaines de filles issues de communautés marginalisées ont pu poursuivre leur scolarité grâce à des programmes qui luttent contre le décrochage scolaire et les mariages précoces, leur permettant ainsi de choisir leur avenir.

Ces efforts, menés aux côtés de nos 54 partenaires locaux, illustrent une vérité essentielle : chaque engagement, chaque soutien compte. Derrière les chiffres, ce sont des visages, des histoires, des parcours qui se transforment. Plus que jamais, nous intensifions nos actions pour diversifier nos sources de soutien et continuer à défendre les droits de l’enfant, aujourd’hui et demain !

Quand l’éducation change une vie: l’histoire de Dina

En Inde, Dina a vu son avenir menacé lorsque son père a perdu son emploi durant la crise du Covid-19, plongeant sa famille dans l’incapacité de payer ses frais de scolarité. Sans soutien extérieur, elle aurait été contrainte d’abandonner l’école, comme tant d’autres enfants confrontés à la précarité.

Grâce à l’appui d’un partenaire de Terre des Hommes Suisse à Calcutta, elle a pu bénéficier d’une bourse, reprendre le chemin de l’école et rejoindre un centre éducatif où elle s’est familiarisée avec ses droits et s’est sensibilisée aux enjeux environnementaux.

Aujourd’hui, Dina est devenue une véritable actrice du changement. Membre du Conseil des Jeunes, elle œuvre pour empêcher le décrochage scolaire, lutte contre le travail des enfants et les mariages précoces, et sensibilise sa communauté à l’importance de l’éducation. Aux côtés d’autres jeunes engagés, elle participe à la construction d’un environnement plus sûr et plus juste pour les générations futures.

Son histoire illustre une réalité essentielle : lorsque l’aide au développement se fragilise, ce sont des vies entières qui vacillent. Derrière chaque financement coupé, il y a des enfants comme Dina dont l’avenir dépend de la solidarité internationale.

Son histoire illustre une
réalité essentielle :

Lorsque l’aide au développement se fragilise, ce sont des vies entières qui vacillent. Derrière chaque financement coupé, il y a des enfants comme Dina dont l’avenir dépend de la solidarité internationale.