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Les déplacés internes du Burkina Faso : quand la résilience renaît grâce au projet « Joining Forces »

Dans la région du Centre-Nord du Burkina Faso, des milliers de familles ont vu leur quotidien bouleversé par les violences armées. Parmi elles, Christine, une mère de six enfants, a dû fuir son village pour échapper aux attaques d’un groupe armé terroriste. Aujourd’hui, grâce au projet « Joining Forces For Food Security And Child Protection In Emergencies » (JF-FS & CPiE), elle retrouve peu à peu dignité et stabilité.

Fuir pour survivre

En février 2022, Christine et sa famille ont été contraints de quitter leur village situé à une cinquantaine de kilomètres de Kaya.

« On a fui de notre village à pied sans rien prendre pour sauver nos vies et celles de nos enfants. Bétail, vivres, documents administratifs, vélos, motos et d’autres biens sont tous restés à Barsalogho. Quand nous sommes arrivés à Kaya, les autorités nous ont accueillis sur le site des 38 villas où nous avons fait un mois et demi. »

Comme de nombreuses familles déplacées, la sienne a dû faire face à des conditions de vie précaires : « Ici à Kaya centre-ville, la vie est trop dure car tout s’achète et personne ne nous vient en aide », confie-t-elle.

Reconstruire un quotidien grâce au projet « Joining Forces »

Le projet JF-FS & CPiE, financé par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères (GFFO) et mis en œuvre par Terre des Hommes Suisse avec ses partenaires locaux, vise à répondre aux besoins urgents des familles déplacées tout en renforçant la protection des enfants. Il s’articule autour d’interventions en matière de sécurité alimentaire, de nutrition et de parentalité positive.

Pour Christine, l’arrivée du projet a marqué un tournant. Elle a été impliquée dans des ateliers de parentalité positive et dans un système d’épargne communautaire, qui lui ont permis de transformer son quotidien.

« A travers ces ateliers, j’ai appris comment adopter un comportement qui a renforcé l’estime de soi de mes enfants, comment mettre en pratique une communication ouverte, respectueuse et non violente avec mes enfants tout en prenant en compte leurs besoins, les aidant à reconnaître et à exprimer leurs besoins de manière saine, simple et courtois. »

Ces formations, qui incluaient des discussions sur des thèmes tels que les conséquences des violences ou l’implication des enfants dans les décisions les concernant, ont profondément changé sa manière de gérer les relations familiales.

« A noter qu’avant d’intégrer le groupe des parents J’étais un peu violente, je dirai même très violente avec mes enfants comme au village. Je n’hésitais pas à donner des gifles, des fessés et des corvées. Ils craignaient donc de s’approcher de moi pour me faire part de leurs besoins (…). Actuellement, je suis plus proche de mes enfants, je les écoute et je crée un environnement favorable et convivial aux échanges. Ils sont joyeux et respectueux et n’hésitent pas à exprimer maintenant leurs besoins et de donner leur avis. »

Un avenir plus prometteur grâce à l’épargne

Le projet a également permis à Christine de retrouver son autonomie économique. Intégrée dans un groupe d’épargne crédit (AVEC), elle a pu emprunter 50 000 francs CFA pour relancer son commerce de condiments : « Avec les bénéfices, j’ai non seulement remboursé le prêt, mais aussi payé les frais scolaires et les kits de deux de mes enfants. »

Le groupe d’épargne, composé principalement de femmes déplacées internes, s’est également donné pour mission de sensibiliser la communauté sur des questions cruciales comme le mariage précoce, les grossesses non désirées ou les violences faites aux enfants.

Une résilience collective

Aujourd’hui, Christine se dit reconnaissante pour le soutien qu’elle a reçu :

« Je remercie la Coordination Nationale des Associations des Enfants et Jeunes Travailleurs du Burkina, l’ONG Terre des Hommes Suisse et son bailleur qui grâce aux activités du projet m’ont permis d’acquérir des compétences et d’avoir de bonnes relations avec mes enfants mais aussi, de bénéficier des prêts pour la réalisation de mon projet, de garder ma dignité en tant que femme et de prendre en charge mes enfants moi-même sans mendier dans les rues, sans attendre à longueur de journée des distributions de vivres et d’être victime d’harcèlement ou de violences. »

Le projet « Joining Forces » incarne l’importance d’une approche intégrée et locale dans les contextes d’urgence. En redonnant aux familles déplacées les outils pour se reconstruire, il contribue à renforcer la résilience des communautés tout en protégeant les droits fondamentaux des enfants.