Des enfants d’un projet partenaire de Terre des Hommes Suisse en Colombie sont venus interagir avec d’autres enfants à Genève. Ils ouvriront la Marche de l’espoir dimanche 16 octobre à 11h.
Vendredi 7 octobre, 10h. Dans le préau de l’école Pré-Picot à Cologny c’est l’effervescence alors que la sonnerie retentit pour annoncer la fin de la récréation. À l’occasion de la 25e Marche de l’espoir, six enfants Colombiens du centre Cecucol (partenaire de Terre des Hommes Suisse) de Cali sont venus passer deux semaines à Genève. Arrivés trois jours plus tôt et n’ayant jamais quitté leur pays auparavant, ils semblent parfaitement à l’aise dans la cour de récréation où souffle une bise dont seule Genève a le secret.
Les six petits Colombiens du centre Cecucol passent la journée avec les élèves de quatre classes de l’école Pré-Picot. Après une première moitié de matinée de rencontre et de discussion autour des réalités de vie de chacun, il s’agit maintenant de diviser le groupe en trois et de mettre la main à la pâte. Pendant que certains enfants s’occuperont de planter des bulbes et de faire des semis dans le préau de l’école, d’autres enfileront leur tablier pour préparer des spécialités culinaires suisses et colombiennes.
Le but de cette journée est d’échanger et de partager sur les cultures et les coutumes locales de chacun et, ainsi, de favoriser l’ouverture à l’autre et le vivre ensemble. C’est également l’occasion pour les petits Suisses qui participent à la Marche de l’espoir de rencontrer certains enfants pour lesquels ils se mobilisent, et donc de donner encore plus de sens à leur engagement.
Des semis pour l’hiver
L’année dernière, un jardin potager a vu le jour dans le préau de Pré-Picot, en face des locaux de Terre des Hommes Suisse. C’est à cet endroit que les enfants vont planter des bulbes de tulipes, de narcisses, de perce-neiges et de crocus amenés par Hester, l’une des maîtresses qui participe avec sa classe à cette journée pas comme les autres.
Sagement alignés et munis de pense-bêtes, trois élèves hispanophones de Pré-Picot expliquent avec application à leurs camarades venus de loin les différentes étapes à suivre pour réaliser l’opération dans les règles de l’art et espérer avoir des fleurs au printemps. Les instructions une fois terminées, le feu vert que tous attendaient est donné et l’atelier pratique peut commencer.
Equipés de transplantoirs et d’arrosoirs remplis à raz bord, les bambins commencent par enlever les feuilles mortes qui recouvrent la terre avant de creuser des trous profonds comme une main d’enfant. Là, ils y déposent les bulbes avant de les recouvrir et de les arroser généreusement. Il ne reste plus qu’à faire confiance à la nature et à attendre patiemment le printemps.
Aux Colombiens maintenant de montrer aux élèves de Pré-Picot comment ils font des semis à Cali. C’est dans des coquilles d’œufs remplies de terre qu’ils déposent deux ou trois graines de cresson ou de mâche, légumes feuilles choisis pour leur capacité à pousser sous nos latitudes à cette saison. Yessica, 9 ans, explique que faire des semis dans des coquilles plutôt que dans du coton permet de ne pas abimes les racines au moment du repiquage. En effet, l’œuf est biodégradable et les graines une fois germées peuvent donc être mises directement en terre avec la coquille sans que cela pose problème.
Lulada et muffins au chocolat
Pendant ce temps, à la salle des maîtres, l’atelier muffins bat son plein. Après avoir été cassé en petits carrés par les enfants, le chocolat noir a été placé au micro-ondes. Maintenant qu’il est fondu, il s’agit d’y ajouter les œufs les uns après les autres. Mais à 8 ans, casser un œuf ne va pas de soi. Ruben s’exclame «Moi mon père m’a dit qu’il faut toujours enlever la coquille!». Facile à dire, un peu moins à faire.
Encadrés par Christine, la maîtresse, et Anne-Céline de Terre des Hommes Suisse, les enfants se servent ensuite du batteur électrique pour mélanger le chocolat, le beurre, la farine, le sucre et les œufs. Ils versent finalement la préparation dans des moules en papier, avant de lécher les cuillères et les bols, ça serait quand même bête de se priver!
Dans une autre classe, rassemblés autour d’une table recouverte d’une nappe en plastique, les enfants vont réaliser de la lulada, une boisson rafraichissante à base de jus de citron, de sucre et surtout de lulo, un fruit jaune à l’extérieur et vert à l’intérieur ramené par les petits Colombiens et typique de chez eux. C’est Anny, 22 ans, éducatrice à Cecucol, qui donne les instructions en espagnole tandis que Clémentine, stagiaire à Terre des Hommes Suisse, traduit en français. Une fois coupé en deux, il faut presser le fruit avec une main pour en faire sortir la pulpe et les petits pépins avant de hacher le tout en bouillie et de le mélanger dans un grand pichet avec du sucre et du jus de citron. Alors qu’un gamin entame la chair d’un lulo au couteau, quelques pépins giclent dans les airs: «On dirait un œuf d’alien!» s’exclame-t-il en riant.
À la table d’à côté, un autre groupe s’occupe de casser des noix de coco après en avoir d’abord récupéré le jus. «Il faut enlever la peau, parce que c’est pas très bon m’explique une petite fille armée d’un économe et la bouche pleine». Juan David, 12 ans, raconte qu’en Colombie la noix de coco sert à faire des pâtisseries ou des glaces. À Pré-Picot, c’est dans son état brut qu’elle sera dégustée faute de temps.
La lulada est enfin prête à être dégustée. À la queue leu leu, les enfants attendent leur tour tandis que Juan David sert la boisson dans des gobelets en plastique. Dylan, un élève de Pré-Picot, tente un timide «gracias» puis, un peu hésitant, trempe ses lèvres dans le mélange. Conclusion? «C’est vraiment trop bon!»
par Chloé Hofmann, Terre des Hommes Suisse, octobre 2016