Nos partenaires font face à une recrudescence de la maladie qui a déjà occasionné 9000 morts depuis son introduction en Haïti il y a 5 ans. Le projet Nou Pare/Prets cherche à réduire la vulnérabilité de communautés défavorisées face aux risques et désastres en favorisant la participation des enfants et l’intégration des organisations de la société civile.
«Dans la matinée du 30 septembre, nous étions informé d’une montée spectaculaire des cas de choléra dans la communauté de Cays-Jacmel. Un peu plus tard dans la journée, le premier cas est apparu dans l’enceinte de l’Ecole de La Dignité, soutenue par Terre des Hommes Suisse» signale Patrice Gracia Brutus, chargé du projet Gestion des Risques et Désastres mené auprès de 8 partenaires en Haïti (voir plus bas): écoles, centres d’accueils, foyers, jardin d’enfants, etc.
Il ajoute: «Il est essentiel de pouvoir remettre du chlore, des sels de réhydratation et du savon aux élèves et à leurs parents, ainsi qu’aux enseignants, et de désinfecter l’école, tout comme il est important de travailler avec les autorités départementales». Un comité de crise est activé. Cayes-Jacmel ne dispose pas de centre de traitement de cholera; les premiers cas sont donc transférés à Marigot, commune limitrophe dont la capacité d’accueil a atteint ses limites dès la première journée…
Une bonne collaboration entre les principaux acteurs étatiques et des ONG travaillant dans la zone a cependant permis une réponse coordonnée et immédiate.
17 personnes infectées
Selon diverses sources d’information, 128 cas ont été recensés au 30 septembre avec 13 décès dont 9 à domicile (dont un enfant de 2 ans) et 4 institutionnels. A La Dignité, 17 personnes ont été infectés entre le 29 septembre et le 3 octobre: 14 élèves (11 filles et 3 garçons), 2 enseignants et le gardien. A l’école, l’accent est mis sur la sensibilisation face aux maladies liées aux risques hydriques et sur le renforcement des capacités de stockage et de traitement de l’eau sur les sites.
Cette recrudescence du choléra se produit dans un contexte sécuritaire risqué. Durant plusieurs jours des démonstrations ont eu lieu dans les rues de Jacmel et de Marigot suite à la publication des résultats des législatives. Au moment de l’apparition des cas de choléra, des barricades étaient signalées sur la route conduisant à Cayes-Jacmel par des protestataires qui réclamaient leurs salaires impayés par la Mairie de Cayes-Jacmel.
«Pour le moment aucun cas de décès n’est à déplorer parmi les élèves, les parents ou le personnel du site. Depuis dimanche 4 octobre, aucun nouveau cas d’infection n’a été signalé, rassure Patrice Brutus mais cette montée subite des cas de choléra nous a surpris et nous rappelle brutalement le degré de vulnérabilité de nos communautés. Aussi devons-nous revoir le cadre stratégique et opérationnel de prévention du choléra dans les sites.»
- Renforcer la promotion des messages de prévention du choléra auprès des élèves et des parents afin de limiter la propagation du choléra à l’intérieur des écoles.
- Assurer la diffusion des directives officielles et des informations de première prise en charge auprès des partenaires afin d’orienter les malades vers le centre de soin le plus proche.
- Fournir les intrants: savon, chlore, sel de réhydratation, et tablette ou autre moyens de purification de l’eau.
- Former et mettre à disposition de partenaires des matériels pour désinfecter et assainir les sites après apparition de cas sur les sites.
- Renforcer l’appui aux partenaires dans leur interaction avec les autorités et les autres acteurs et dans la mise en œuvre et le suivi des directives ou plan opérationnel de lutte contre le choléra.
- Rendre plus dynamique les espaces de rencontres avec les parents en mettant l’accent sur la prévention afin de les sensibiliser sur le rôle qu’ils peuvent jouer dans leurs communautés.
- Diffuser auprès de tous les bénéficiaires du projet le protocole de prévention pour lutter contre le choléra: Protokòl prevansyon pou konbat kolera sou sit yo.
- Exposer de façon permanente des messages clés de prévention sur tous les sites.
Toutes ces recommandations d’actions nécessitent des fonds additionnels au projet en cours. Ce projet Nou Pare/Prets s’inscrit dans la suite logique, après le tremblement de terre, d’une intervention de Terre des Hommes Suisse en Haïti. Il cherche à réduire la vulnérabilité de communautés défavorisées face aux risques et désastres en favorisant la participation des enfants et l’intégration des organisations de la société civile. Ce projet est mené avec le soutien financier de la Chaîne du Bonheur.
Une mission d’évaluation a lieu actuellement sur le terrain, avec la participation exceptionnelle de deux professeurs de la Faculté des Sciences de la Terre de l’Université de Genève, Madame Corine Frischknecht, notamment spécialiste des tremblements de terre, et Monsieur Jean-Jacques Wagner, professeur honoraire et expert en gestion des risques géologiques et désastres.
Par Souad von Allmen
Dernière minute:
Quelques dizaines de victimes de l’épidémie de choléra et des organisations du mouvement social haïtien ont organisé le 15 octobre 2015 une exposition de photos des victimes de la maladie pour continuer de réclamer justice et réparation. Plus de 9000 morts depuis 5 ans: un scandale! Lire ici l’article du journal haïtien Le Nouvelliste.