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Des universitaires genevois en Haïti

Pour limiter l’impact des catastrophes naturelles, il est possible d’agir en amont. Des experts suisses accompagnent le processus avec nos partenaires haïtiens.

Pour limiter l’impact des catastrophes naturelles, il est possible d’agir en amont. Des experts suisses accompagnent le processus avec nos partenaires haïtiens.

Les 200 000 à 300 000 victimes – selon les sources – du tremblement de terre qui a secoué Haïti le 12 janvier 2010 ne doivent pas être considérées comme une fatalité. Il est possible d’agir en amont pour réduire l’impact d’une telle catastrophe.Tel est le principal message qu’aimeraient transmettre aux enfants de ce pays traumatisé Corine Frischknecht et Jean-Jacques Wagner, respectivement adjointe scientifique/chargée de cours et professeur honoraire au Département des sciences de la Terre de l’Université de Genève. Les deux chercheurs, spécialistes des tremblements de terre, se sont en effet rendus l’automne dernier en Haïti en tant que conseillers scientifiques pour un projet qui implique des écoles primaires et vise à réduire la vulnérabilité des populations face aux désastres.

Former des enseignants
«L’objectif est de réduire la vulnérabilité des enfants âgés de 5 à 14 ans, dans les écoles, face à des événements aussi destructeurs qu’un tremblement de terre ou un ouragan, témoigne Corine Frischknecht. Actuellement, sept écoles liées aux partenariats de Terre des Hommes Suisse sont parties prenantes de ce projet baptisé «Nou paré» (en créole: «nous sommes prêts»), qui se compose de trois volets. Le premier est la sensibilisation du corps enseignant et de leurs élèves aux risques inhérents à leur environnement et les bons réflexes en cas de séismes. Le deuxième concerne la mise en sécurité des enfants en cas de catastrophe, notamment par la détermination de parcours d’évacuation et de lieux de rassemblement, ainsi que la réalisation d’exercices organisés par les écoles». «Cela nous semble naturel en Suisse car ces pratiques sont courantes depuis des années, ajoute Jean-Jacques Wagner, mais le niveau de connaissances de la population haïtienne en matière de gestion des catastrophes naturelles est encore à ses prémices. Le troisième volet du projet vise enfin à former des enseignants aux phénomènes naturels et à la gestion des risques et désastres (GRD), pour qu’ils puissent transmettre leurs connaissances aux élèves.»

Les enfants sortent pour le rassemblement||Jean-Jacques Wagner

Prendre conscience que subir n’est pas une fatalité
«À l’Université de Genève, nous avons développé une approche multidisciplinaire en matière de prévention des catastrophes naturelles, ajoute Jean-Jacques Wagner. Cela comprend l’analyse des phénomènes et leur modélisation, la prise en compte de la réalité socio-économique du contexte concerné, une réflexion sur les outils de gestion des risques pouvant être mis en place et enfin, une sensibilisation à la communication à la population. C’est pour cette expertise que Terre des Hommes Suisse a fait appel à nous. Cinq ans après le tremblement de terre, l’aide humanitaire s’est achevée et l’on est passé à la phase de reconstruction… D’autres écoles suivent l’expérience du projet Nou Paré avec intérêt et des responsables du projet tentent de voir avec les autorités dans quelle mesure le modèle qu’ils développent pourrait être utilisé sur le plan national. Il y a une réelle prise de conscience que l’on n’est plus obligés de subir les catastrophes mais que l’on peut agir au préalable. C’est un changement important dans les mentalités où domine une certaine fatalité.»

«La coordination de Terre des Hommes Suisse en Haïti a mis en place un groupe de travail composé exclusivement d’Haïtiens, complète Corine Frischknecht, qui réfléchit à ces questions, et avec lesquels nous interagissons. Nous apportons un regard extérieur permettant de mettre en évidence des aspects qui peuvent être améliorés. Nous leur fournissons de la matière qu’ils utilisent pour rédiger des fiches pédagogiques à destination des enseignants. Le projet a aussi initié la création de clubs GRD auxquels sont associés les parents et qui organisent des actions comme des sorties éducatives, des expositions thématiques en lien avec l’environnement et les phénomènes naturels.»

Le projet «Nous paré» est mené par Terre des Hommes Suisse avec le soutien financier de la Chaîne du Bonheur dans le cadre de la réhabilitation post-séisme.

Propos recueillis par Anton Vos, rédacteur du journal Campus, janvier 2016