Journée riche en émotions avec la visite de deux sites d’orpaillage (exploitation artisanale de l’or), dans la région de Kaya, en compagnie de Diobass, partenaire de Terre des Hommes Suisse. Les caractéristiques de ce type de sites est d’être fortuits (le plus souvent l’or est découvert par hasard) et éphémères (leur durée dépend de la richesse du filon). Ils attirent une population à la vie précaire, en quête de gains faciles mais le plus souvent illusoires.
Ce qui nous a frappés, c’est la part non négligeable que constituent les enfants dans cette population: les plus jeunes, faute d’autres solutions de garde, accompagnent leur maman sur le site; dès 6 ans, ils accomplissent toutes sortes de petits boulots (transport de l’eau, vente de nourriture et de bois, concassage du minerai, etc.); dès 13 ou 14 ans, ils descendent dans les galeries qui peuvent se trouver à plus de 30 mètres de profondeur pour extraire le minerai!
Les galeries sont peu étayées et menacent à tout moment de s’écrouler, l’oxygène manque dans les plus profondes et des systèmes rudimentaires d’amenée d’air ne compensent que très partiellement ces phénomènes. L’extraction du minerai est un travail harassant qui s’effectue exclusivement à la main et dans des positions inconfortables, l’emploi de produits toxiques comme le mercure et la fine poussière de terre omniprésente menacent directement leur santé. Le logement est précaire, l’alimentation peu variée et mal équilibrée, divers types de drogues permettent de surmonter la fatigue et le manque de nourriture et l’alcool est souvent à l’origine de conflits qui peuvent gravement dégénérer.
Les enfants, de part leur plus grande fragilité, sont bien entendu les premières victimes de cette situation. Les enseignants d’une école proche de l’un des sites ouvert il y a un mois seulement nous ont signalé une assez forte déperdition scolaire, certains enfants étant plus attirés par un gain immédiat, même dérisoire, que par la promesse aléatoire d’un bon emploi au terme de leurs études. Mais le retrait prématuré de l’école a des causes bien plus complexes: en milieu rural, les enfants constituent une main-d’œuvre dont certains parents ne peuvent se passer, les frais liés à la scolarité, même modestes, deviennent un obstacle insurmontable lorsque le nombre d’enfant est important, la qualité médiocre de l’enseignement liée à un marché du travail qui laisse de nombreux jeunes sur le carreau ne permettent pas de considérer l’école comme une perspective crédible à la sortie de la précarité.
Consciente de la gravité de la situation, Diobass a entrepris des activités de sensibilisation dont le but est de maintenir les enfants à l’école et de les rendre conscients des dangers liés à l’orpaillage. Son but, à plus long terme, est d’offrir aux jeunes des alternatives plus porteuses d’avenir.
