Samedi matin, nous partons pour le petit village de Carmen de Viboral ou se déroule le Festival del Agua (festival de l’eau) pour la défense de l’eau et du territoire. Sur la place du village face à l’église, se sont réunies environ 1000 personnes pour montrer leur engagement pour la défense des terres agricoles. Divers stands soulignent l’importance de l’agro-écologie. Musique, concerts et débats ponctuent allégrement la manifestation.
Depuis les années 70, les territoires du département d’Antioquia ont été occupés par des acteurs économiques externes, laissant de moins en moins de terres pour l’agriculture. Sur un des stands, une carte d’Antioquia indique les zones pour lesquelles des concessions pour des mines ont été demandées et en attente de validation. Sur certaines communes, il ne resterait presque aucune terre disponible pour les agriculteurs habitant la région, ni pour cultiver, ni même pour vivre. Face à ce constat, on prend bien conscience de l’importance pour les paysans de valoriser leur savoir-faire et leur culture.
Des échanges et dons de graines sont proposés, des semences de divers types de frijoles, maïs, fèves et légumes autochtones et surtout non-transgéniques. Ces graines sont précieuses, et dans des régions se font bien rares. Ce troc permet aux paysans de pouvoir continuer à cultiver les plantes autochtones face à l’import massif de transgéniques (et ses désherbants toxiques). On profite de prendre quelques graines pour donner aux écoles avec un potager scolaire du programme Sinú que nous allons visiter ces prochains jours.
Des policiers remplissent soudain la place. Le Ministre du travail vient d’arriver au festival… pour 5 minutes à peine.
