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Formation de Yanomami comme professeurs

Soirée à Boa Vista, à chercher avec peine un café internet pour pouvoir publier le carnet de route et communiquer quelques nouvelles à nos familles et au bureau. Sur l’une des principales rues se regroupent des manifestants: le Brésil urbain se mobilise pour des revendications sociales.
Le lendemain, aux aurores, retour en avion sur Manaus suivi d’1h30 de route puis de piste jusqu’au Rio Preto. Nous rejoignons le cours de formation de professeurs Yanomami organisé pour la 11e année consécutive par l’association Secoya, partenaire de Terre des Hommes Suisse depuis une vingtaine d’années. Cette formation intensive se déroule dans des «cases» couvertes réparties sur un terrain défriché, au milieu de la forêt.

@Secoya

Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion d’aller en terre Yanomami pour des questions de temps (4 à 6 journées de bateau à moteur pour un aller simple!). De plus, les professeurs ne sont pas en fonction actuellement puisqu’ils sont réunis pour leur formation. C’est cependant une occasion unique pour nous de rencontres privilégiées.

@Secoya

Terre des Hommes Suisse soutient depuis plus d’une dizaine d’années un programme d’éducation différenciée et adaptée aux contexte des Yanomami. Depuis début 2013, le projet est co-financé par Terre des Hommes Luxembourg. Le projet dans sa globalité cherche à créer les conditions nécessaires pour que le travail développé dans le domaine de l’éducation, pour et avec les Yanomami, soit reconnu, validé, et intégré aux politiques éducatives publiques.
Pour cela, 3 axes de travail:

– un programme d’éducation scolaire adaptée et bilingue, par le biais de la formation de professeurs Yanomami;
– un lobbying pour une reconnaissance officielle des écoles soutenues et des formations réalisées;
– la défense des droits des Yanomami et un appui à leur processus organisationnel.

Légalement, l’Etat brésilien reconnaît le droit des peuples indigènes à bénéficier de programmes d’éducation bilingue et à une école différenciée (supports pédagogiques spécifiques à chaque peuple et enseignement selon des méthodologies et un calendrier adaptés). Cette loi découlant de la Constitution de 1988 est encore peu mise en pratique. Pour différentes raisons. Tout d’abord, il y a autant de spécificités et de besoins éducatifs que de peuples indigènes. Ces derniers vivent de plus entre eux des tensions et divisions! Par ailleurs, il existe un manque de compétences et de suivi des municipalités, des détournements de fonds, de la corruption… Les autorités gouvernementales se situent entre deux feux: d’un côté elles ont démarqué les terres et se sont engagées par écrit pour une éducation différenciée, de l’autre elles sont dans une démarche de développement d’une économie de consommation et d’exploitation des terres. Les indigènes eux-mêmes doivent se mobiliser et faire pression pour que les lois soient respectées! Reste la question des distances et des coûts pour se réunir et avancer sur un front commun: un travail de longue haleine!

Moments magiques: la tombée de la nuit, vers 18h30, les chants des oiseaux, les coassements des crapauds et la levée de la lune sur les arbres de la forêt amazonienne. Les nuits peuvent être fraîches, une couverture n’est pas de trop. Dès 6h du matin, la brume de la forêt se dissipe doucement pour laisser place à de chaudes journées, parfois entrecoupées d’orages et pluies courtes mais intenses.