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Graines de lumière et griots, Lençois, les 16-17 avril 2015

Je choisis toujours les fenêtres lorsque je voyage en avion. J’adore voir le monde depuis là en haut. Cela me fait rêver. Pendant le parcours nous menant d’Ilhéus à Lençois en passant par Salvador, le spectacle est saisissant. Bahia est presque aussi grande que la France et ses paysages sont très variés: forêt tropicale humide sur la côte (mata atlântica), climat semi-aride à l’intérieur des terres (sertão). Vers le centre de l’état, une véritable oasis, presque aussi grande que la Suisse, avec ses montagnes, rochers, rivières, cascades, et grottes: la Chapada Diamantina. Principale porte d’entrée de cette merveille naturelle, Lençois est un paradis pour les marcheurs et pour les amoureux de la nature. 

Nous sommes venus ici pour rencontrer l’association Grãos de Luz (Graines de lumière). Fondée en 1997, elle a acquis une grande notoriété en raison de son travail de qualité dans le domaine de l’éducation intégrale et contextualisée ainsi que du développement d’une nouvelle approche pédagogique nommée «pedagogia griô». Inspirée des pratiques des griots africains, elle est particulièrement adaptée à certains contextes, comme celui des communautés quilombolas.

Les communautés ou villages quilombolas ont été créés par des esclaves noirs fugitifs entre le 16e siècle et 1889. Jusqu’à aujourd’hui, ce sont des communautés défavorisées et stigmatisées. Elles sont nombreuses et dispersées dans toute la région.

Remanso, village quilombola || Beto Duraes

Selon Marcio et Lilian, responsables de l’organisation Grãos de Luz et créateurs de la pédagogie griô, «le niveau d’auto-estime de ces populations, et plus particulièrement celui des enfants, est généralement très bas. Retrouver leur dignité est une priorité. La transmission orale, favorisée par la pédagogie griô, est un instrument puissant dans ce contexte. Travailler sur leur «ancestralité», sur leur culture et leurs savoirs propres, comprendre d’où ils viennent, connaître l’histoire de leur luttes, etc., leur donne du courage et de la confiance. En travaillant sur ce socle et sur leur réalité quotidienne, tout apprentissage scolaire est facilité».

Mestre Arlindo, conteur d'histoires et musicien || Beto Duraes

Le vendredi soir, nous sommes invités à la cérémonie de remise de trophées du «Festival do filme do interior» qui décerne des prix aux films produits dans l’Etat de Bahia, en dehors de la capitale Salvador.

Le court métrage «A lenda do Pai Inácio»*, produit par les jeunes bénéficiaires de divers projets menés par Grãos de Luz, reçoit 16 trophées! Vu la qualité technique et artistique du film, nous ne sommes pas étonnés.

Remise des prix du Festival do filme do interior || Beto Duraes

Samedi, je met au net mes notes et nourrit ce carnet de route avant de visiter la région tandis que Sophie et Luciana restent dans la «pousada» (auberge) pour travailler sur les dossiers en cours. Dimanche, en bus direction Irecê où nous rencontrerons un nouvel éventuel partenaire: l’association Ipêterres.

 

* réinterprétation libre d’une légende locale, très connue, concernant l’amour impossible entre un jeune esclave noir et la fille blanche d’un propriétaire terrien.