Alors que la Ville de Genève célèbre le Centenaire de la Déclaration de Genève, Mme Christina Kistos, revient sur l’importance de cette déclaration et sur l’évolution des Droits de l’enfant à Genève et ailleurs.
Genève a été le berceau de la Déclaration sur les droits de l’enfant en 1924. Comment la ville a-t-elle évolué depuis en matière de politique de l’enfance ?
La situation des enfants à Genève, même si certaines difficultés majeures persistent – notamment pour les enfants dont les parents sont en situation irrégulière dans notre ville – n’a rien à voir avec la situation des enfants dans de nombreuses parties du monde ravagées par les guerres et les famines.
A Genève, les acquis les plus marquants concernent le développement de structures d’éducation préscolaire, les crèches, qui sont de véritables leviers en faveur de l’égalité des chances pour tous les enfants et d’intégration pour les familles, ou encore les activités culturelles et sportives de grande qualité proposées à tous les enfants.
La Déclaration de 1924 a posé les bases des droits de l’enfant, mais aujourd’hui, de nouvelles questions émergent, telles que l’impact des technologies sur les enfants. Comment la Ville de Genève envisage-t-elle de traiter ces défis contemporains ?
La Ville de Genève, comme de nombreuses collectivités, est très préoccupée par la place des écrans dans la vie des familles. Chaque année, d’ailleurs, à l’occasion de la Conférence romande des enfants organisée par Terre des Hommes, je suis impressionnée par la lucidité des enfants sur les questions liées au numérique, notamment les réseaux sociaux. Eux-mêmes demandent des organes de régulation et de contrôle.
Très concrètement nous préparons une campagne de sensibilisation sur les usages abusifs des écrans qui va démarrer cet automne et va se prolonger sur plusieurs mois. L’objectif n’est pas de culpabiliser les familles, mais bien de les accompagner et d’enrichir la réflexion sur ce qui doit aussi être perçu, à certains égards, comme une menace claire pour nos démocraties.
Eglantyne Jebb, une pionnière inspirante
En tant que Maire, comment voyez-vous le rôle de Genève en tant que modèle pour d’autres villes dans la promotion et la protection des droits de l’enfant, notamment à travers des initiatives locales ou des collaborations internationales ?
La Ville de Genève est labellisée « Commune amie des enfants » par l’UNICEF. A cet égard, nous sommes en pointe en ce qui concerne les processus participatifs, notamment les budgets participatifs dans les écoles ou dans le cadre des aménagements de préaux qui concernent en premier lieu les enfants. Il est essentiel d’associer les enfants et les jeunes à l’aménagement de leur environnement quotidien et, plus largement, de considérer leur avis sur toutes les questions qui façonnent l’avenir de la Cité.
Quel message souhaitez-vous transmettre pour ce centenaire ? Quel rôle chacun d’entre nous peut-il jouer pour continuer à protéger et promouvoir les droits de l’enfant ?
Partout dans le monde les droits sociaux sont remis en question. Je pense aux droits des femmes, des minorités et des enfants. Je souhaite qu’à Genève, comme ailleurs, des voix s’élèvent pour réaffirmer que les droits des enfants doivent être sans cesse interrogés, respectés et réactualisés.
Il est essentiel de se mettre à l’écoute des enfants, de leurs révoltes, de leurs espoirs et de leurs propositions. Ce n’est pas faire preuve de condescendance à leur égard mais bien de considérer que les enfants ont des droits et les adultes des obligations envers eux.
Dans ce contexte, il reste beaucoup à faire sur des questions encore largement taboues comme les violences intrafamiliales.