Le périple continue. Hier, dimanche, nous avons passé une bonne partie de la journée dans les transports entre Lençois et Irecê. Le retard de notre premier bus nous a fait manquer la correspondance. En conséquence, nous avons dû attendre plus de trois heures dans la petite gare routière de Seabra, sous une chaleur intense. Attendre, attendre! Dans mon ennui, je pense à cette scène mythique du début du film de Sergio Leone «Le Bon, la Brute et le Truand», dans une gare perdue du «Far West»!
Finalement nous sommes arrivés à Irecê vers 10 heures du soir… Ce n’est pas grave, juste un peu plus de fatigue à ajouter à celle déjà existante.
Le lendemain au petit matin, India, la coordinatrice de l’organisation Ipêterras, le troisième nouveau partenaire potentiel que nous visitons pendant cette mission, vient nous chercher à l’hôtel. Les discussions commencent durant le petit déjeuner** que nous prenons ensemble.
Ipêterras, organisation fondée en 1997, nous a soumis le projet «Education environnementale en tant qu’instrument de conscientisation des enfants et jeunes en communautés rurales». India nous explique la démarche d’Ipêterras de la meilleure manière: en nous faisant participer, à titre d’exemple, à une activité avec les enfants ee les professeurs d’une classe d’école primaire des environs. Nous passons la matinée dans la «caatinga» (végétation naturelle du semi-aride). India porte un chapeau en cuir typique de cette région et d’immenses lunettes de soleil, ce qui lui donne un look du genre «insecte du sertão».
Son animation de sensibilisation «in situ» est passionnante. Elle nous aide à supporter la chaleur et le soleil de plomb. Bonne communicatrice, ses histoires sur les plantes et les animaux observés mettent l’accent sur le besoin de préserver la nature et de valoriser les produits et les traditions locales. Les enfants posent des questions et prennent des notes car ils poursuivront l’apprentissage en classe.
«La faim et la misère ont toujours été des mythes propagés, nous raconte India, niant la grande richesse de cette région et détournant l’attention sur le problème de la mauvaise répartition des richesses. Les enfants et les jeunes rêvent de migrer vers les Etats du Sud, notamment São Paulo, dans l’illusion d’une vie meilleure. Ipêterras se bat pour une revitalisation de la culture locale, qui est très riche, pour plus de justice sociale et pour la promotion d’un mode de vie respectueux de l’environnement et adapté à la région semi-aride, pour viabiliser une vie digne sous ce type de climat. L’éducation contextualisée*** et la diffusion de pratiques agro-écologiques auprès des écoles et des familles sont les moyens que nous utilisons pour contribuer à atteindre ces objectifs.»
Pendant cette mission nous avons visité trois organisations candidates intéressées à établir une relation de partenariat avec Terre des Hommes Suisse. Une sorte de «speed dating» après une analyse approfondie des dossiers. L’une d’entre elles sera choisie dans les prochaines semaines, selon les critères propres à notre organisation et nos impressions pendant les visites. Suspense!
Le soir, nous dormons dans le car couchette, en direction de Salvador. Les voyages en bus au Brésil sont très confortables et je n’ai pas vu passer les 8 heures de trajet. La fatigue aidant, nous avons tous les trois, Sophie, Luciana et moi, dormi comme à l’hôtel.
Le mercredi, direction Feira de Santana, où nous visiterons les activités développées par l’un de nos partenaires actuels, le MOC – Mouvement d’organisations communautaires.
* Végétation naturelle du semi-aride (sertão)
** Toujours aussi copieux et rempli de bons fruits et produits régionaux
*** Pédagogie qui se base sur les références culturelles locales et sur la réalité de la vie quotidienne des élèves dans une région donnée