Un séisme dévastateur il y a un peu plus de 5 ans. Un nombre encore très important de personnes logées dans des abris de fortune (environ 80’000 encore sous tente en 2015). Des ouragans, des tempêtes tropicales, des pluies torrentielles et des inondations. Une épidémie de choléra importée par les casques bleus de la MINUSTAH, qui a fait soudainement son apparition peu après le tremblement de terre et qui a déjà provoqué plus de 8300 morts! Violence, chômage, des conditions de vie difficiles au quotidien. La liste (non exhaustive) des problèmes que les Haïtiens doivent affronter est déjà longue. Ils y font souvent face avec beaucoup de courage.
Depuis quelques semaines vient s’ajouter à cette longue liste l’afflux de personnes chassées par les autorités du pays voisin, la République dominicaine. Des Haïtiens ayant travaillé dans ce pays sont expulsés. C’est la Cour constitutionnelle dominicaine qui est à l’origine de cette politique de renvoi. En septembre 2013, elle a décidé de retirer la nationalité des enfants nés de parents étrangers sur le sol dominicain. Cette loi concerne surtout des Haïtiens, qui sont contraints de quitter le pays; près de 250’000 d’entre eux sont menacées de renvoi. Cette loi étant rétroactive, un grand nombre de ces personnes risquent de se retrouver apatrides. La Cour interaméricaine des droits de l’homme considère qu’il s’agit là d’une violation de leurs droits constitutionnels.
Selon les statistiques du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unes (OCHA), plus de 15’000 personnes, dont de nombreuses familles avec des enfants, sont ainsi arrivées en Haïti durant le seul mois de juillet, et ce dans des conditions extrêmement difficiles. La plupart d’entre elles n’ont même pas eu la possibilité de prendre ses effets personnels ! Les organisations des droits humains, de la société civile et du secteur religieux haïtiens tirent la sonnette d’alarme devant cette nouvelle crise humanitaire. Elles demandent notamment à l’Etat dominicain le respect de la dignité des Haïtien-ne-s et du protocole de 1999 signé par les deux Etats sur les mécanismes de rapatriement (informations préalables sur les personnes, respect du regroupement familial, rapatriements dans des points officiels et pendant les jours ouvrables, possibilité offerte aux gens de prendre leurs effets, etc.).
Terre des Hommes Suisse est présente dans le pays depuis plus de 25 ans. Elle est spécialisée sur les questions de droits de l’enfant à travers des projets menés en partenariat avec des organisations locales haïtiennes, et soutient notamment des centres d’éducation et de formation pour enfants et jeunes. Un travail sur le moyen et long terme. «Des partenaires de Terre des Hommes Suisse sont présents sur certains points de passage de ces migrants. Devant l’urgence, la coordination nationale TdH et le siège ont décidé de permettre aux enfants l’accès à la nourriture et à l’éducation; nous adapterons l’aide sur deux de nos sites partenaires en fonction de l’évolution de la situation», explique Olivier Grobet, chargé de programme Haïti et Sénégal à Terre des Hommes Suisse.
Si vous souhaitez aider Terre des Hommes Suisse à faire face à cette nouvelle crise, vos dons sur
le compte CCP 12-12176-2 (mention déportés Haïti) sont les bienvenus. Merci de tout coeur.
Article rédigé par Ursula Sila-Gasser, septembre 2015