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Pour Sidney, les défis sont immenses

Accueil à Maturuka, sous la grande maloca (espace communautaire)

Le Centre fonctionne sur 4 ans. Il est destiné à la formation de dizaines de jeunes issus de diverses communautés indigènes et âgés de 16 à 25 ans. Il est ouvert aux garçons et filles, mais concrètement rares sont les filles dont les parents acceptent le départ. En effet, la première et la dernière année, les étudiants sont internes au centre et ne rentrent que 2 fois par an lors de vacances. En 2e et 3e année, le système de l’alternance est de mise, 2 mois au Centre, 2 mois soit dans leur communauté soit dans une autre. Les jeunes suivent des cours théoriques et pratiques en agriculture, élevage et environnement. Les professeurs, également indigènes, les suivent même dans leurs communautés pour un suivi technique.

Gercimar est enseignant depuis peu au centre. Il habite à 400 km de là (se rappeler que ce sont des pistes en terre!) et n’a pas souvent l’occasion de rentrer voir sa famille. «Les thèmes de la formation sont importants, mais au-delà des connaissances transmises, le centre forme des leaders. Les jeunes sont désignés par toute leur communauté, selon des critères basés sur leur comportement et leur engagement. Ils sont ensuite choisis par un conseil régional et s’engagent après leur formation a revenir pratiquer dans leur communauté».

Sidney est un Macuxi de la communauté de Maturuka. Il a 21 ans et suit la 3e année au centre de formation. «Au début, il a fallu s’habituer aux horaires, aux règles. Et la famille me manquait. Mais j’avais des objectifs bien précis et j’ai tenu bon.» Les cours sont intenses, les élèves se réveillent à 6h et travaillent 45 min. dans l’une des 14 activités pratiques (élevage de porcs, lapins, poules, pisciculture, jardins potagers, arbres fruitiers, compost, herbes médicinales, agroforesterie, etc.) avant de prendre leur petit déjeuner. Les cours théoriques se déroulent durant 4h le matin et 2h l’après-midi, puis à nouveau 2h d’activités pratiques avant le repas du soir. La journée se termine par un moment de réflexion ou oration (la religion catholique cohabite depuis longtemps avec les traditions indigènes). «Cette formation est une expérience qui va me permettre d’améliorer les conditions de vie de ma communauté.». Nous avons eu l’occasion le surlendemain de rencontrer Sidney et son frère Nelson à Maturuka. Ils nous ont présenté toutes les activités qu’ils développent déjà (par exemple un élevage de poules choisies pour leur production d’œufs) après avoir rendu visite aux parents et notamment à la grand-mère, Lucia, une femme extraordinaire qui s’occupe encore de ses champs tout en gérant un petit stock d’aliments achetés au village et revendu au sein de la communauté. «A l’école, on travaille beaucoup la question des alternatives et la question environnementale, rajoute Sidney, mais ce n’est pas toujours facile d’introduire des nouveautés. Les gens nous écoutent, mais c’est un vrai défi de garder sa culture tout en se développant».

Sidney, son frère et le chef de village

Sidney et son frère Nelson en conversation avec le Tuxawa, ils vont planifier les tâches à réaliser dans la communauté durant les 2 mois à venir.