La protection de l’enfance est l’un des axes prioritaires de travail de Terre des Hommes Suisse. Dans ce cadre, les associations partenaires sur le terrain sont formées et sont encouragées à sensibiliser leurs bénéficiaires. Retour sur une expérience développée en 2015 par la coopérative de femmes Mujer Andina au Pérou.
Dans la région andine, cette coopérative laitière créée par des femmes connaît un vif succès parmi les villageoises. Ensemble, elles se mobilisent pour augmenter leurs revenus et promouvoir leurs droits afin d’améliorer les conditions de vie et la santé de leurs enfants. Elles ont aussi pour objectif de diminuer les violences au sein des familles, tant physiques que psychologiques, notamment contre les enfants, au profit d’une approche qui respecte les droits des enfants.
En 2015, huit ateliers ont permis de sensibiliser près de 100 familles, sociétaires de la coopérative ou d’autres familles de différentes communautés rurales environnantes, à travers une pédagogie participative.
A travers des contes et des vidéos, nombre de parents ont aussi raconté leur propre enfance et les traitements qu’ils ont subis… Les parents ont utilisé des poupées qu’ils ont cassées, puis cherché à reconstruire… et ont pu réaliser que, malgré tous les soins, ces poupées ne redeviendraient jamais comme avant. A Chaquicocha, une fresque a été réalisée, nommée «moments heureux avec mes enfants», où ils ont pu écrire leurs souvenirs, les lire pour certains à haute voix. Tous les participants se sont engagés à ne pas reproduire les actes endurés et à respecter un code de conduite de retour dans leur foyer.
Près de 150 affichettes de «ma famille unie et heureuse» ont été diffusées aux enfants de chaque membre de la coopérative, contenant les politiques de protection de l’enfance. Un atelier «témoignage d’enfant» a permis de sensibiliser les enfants eux-mêmes – 228 jeunes de 8 communautés – à travers des jeux. Ils ont pu exprimer ce qui leur tenait à cœur et l’attention qu’ils espéraient de leurs parents. Morceaux choisis: amour, non violence, pas de préférence pour l’un ou l’autre des frère et sœur, ne pas être réveillé tôt avant l’école pour aider la maman, pas de disputes entre les parents devant l’enfant, pas être battu ou menacé ou crié dessus, etc. Les enfants ont aussi réalisé un concours d’avion en papier sur lequel était inscrit le droit qu’ils ressentaient comme le plus vulnérable. Ces propos seront discutés avec les parents dans les mois à venir.
Un dernier atelier a permis de sensibiliser des personnes qui travaillent avec des enfants, en particulier des enseignants, pour les rendre attentifs à cette question: comment repérer les mauvais traitements, comment y faire face, etc.
Ces espaces d’expression et cette promotion des bonnes pratiques pour lutter contre la violence intrafamiliale permettront de générer un changement en profondeur et de façon durable, au bénéfice des enfants de la région.