Quand la solidarité a de la suite dans les idées

Au-delà des élans de solidarité spontanés et ponctuels, les interventions au Sud doivent s’inscrire dans la durée pour avoir un réel impact. Un exemple en Haïti.

Au-delà des élans de solidarité spontanés et ponctuels, les interventions au Sud doivent s’inscrire dans la durée pour avoir un réel impact. Terre des Hommes Suisse fournit un bel exemple de cohérence dans le cadre de son appui à ses partenaires haïtiens affectés par le séisme. Retour sur quatre années de soutien.

Le 12 janvier 2010, à 16h53 exactement, un séisme d’une magnitude de 7,0 frappe Haïti. 250 à 300 000 personnes disparaissent en quelques secondes. La vie de tout un peuple bascule dans le chaos. L’épicentre du séisme est localisé à Léogâne, au sud de Port-au-Prince. Terre des Hommes Suisse, présente sur le terrain au travers de sa coordination nationale, se mobilise immédiatement. Un état des lieux de la situation des partenaires est aussitôt réalisé et une cellule de réponse est mise en place. Une seule question bouleverse tout le monde: quelles mesures mettre en place pour assurer la protection des enfants?

Parmi les sites affectés, le centre de Sigueneau est l’un des plus durement touchés. Il abrite un asile pour vieillards et l’école Jardin Fleuri de Saint-Vincent-de-Paul. Fort heureusement, à l’heure du séisme, les enfants sont déjà partis. Mais tout est détruit. Un pensionnaire de l’asile meurt dans son lit, plusieurs sont blessés dont certains gravement. Un incendie éclate. C’est la désolation totale. Tout est en ruine. Au milieu de ce décor de fin du monde, les sœurs Compagnes de Jésus – institut séculier haïtien partenaire de Terre des Hommes Suisse – ne baissent pas les bras. Dès le lendemain, elles partent visiter les gens du quartier, s’enquièrent des familles, distribuent les premiers secours, organisent des abris pour loger et nourrir les 120 personnes du troisième âge qui sont à leur charge. Elles sont partout et s’affairent: premières levées, dernières couchées. Pierre après pierre, le site reprend vie. Terre des Hommes Suisse et d’autres partenaires financiers viennent apporter leur contribution à tant de courage et de persévérance.

Accueillir les enfants dans un espace sécurisé
Deux «tonnelles», abris collectifs provisoires, sont mises en place pour accueillir les enfants et les institutrices, leur apporter réconfort et appui psychologique et les aider à surmonter leur désarroi.

En juin 2013, trois ans après le séisme, une fondation genevoise (1) permet à Terre des Hommes Suisse de construire un bâtiment de deux salles de classe sur l’emplacement même où avaient été aménagées les deux tonnelles initiales. Cet appui est précieux et essentiel dans le cadre de l’accompagnement du partenaire pour l’aider à retrouver ses capacités opérationnelles d’avant le séisme. En juillet 2013 , les travaux sont lancés, supervisés de très près par l’ingénieur-conseil de Terre des Hommes Suisse, car tout le monde tient à garantir que l’édifice sera aux normes parasismiques et paracycloniques. Les travaux avancent rapidement.

Octobre 2013, c’est la rentrée scolaire. Le bâtiment est prêt, il ne reste plus qu’à déblayer les alentours. C’est un moment plein de joie et d’émotion. L’ingénieur qui a exécuté les travaux va enfin pouvoir prendre quelques jours de vacances et de repos. Espiègle et souriante, sœur Marie Claudette Charles saute dans sa voiture en compagnie de sœur Sœurette. Direction l’école nationale d’agronomie pour aller chercher… des plants de fleurs! «Tu comprends, déclare-t-elle, nous devons contribuer à ce que les enfants aiment la nature. Ils doivent vivre dans un environnement qui est beau!» Et c’est vrai qu’il est très beau, le jardin de cette école qui mérite son nom de Jardin Fleuri! L’amour s’est fait toit, l’amour s’est fait fleur. En regardant toutes ces pousses qui ont jailli à Sigueneau, à Léogâne, ces décombres devenus jardins, on ne peut être qu’émerveillé.

(1) Merci à la Fondation Gertrude Hirzel.

Article rédigé par par Guerty Aimé, paru dans le journal Terre des Hommes Suisse n°114, mai 2014