La Colombie est le pays à l’honneur de la Marche de l’espoir 2023. L’occasion de partir à la rencontre d’Ana et Nico avec qui notre équipe s’est entretenue sur place.
Ana et Nico vivent dans le Cauca, une région du sud-ouest de la Colombie. Jeunes élèves de 8 et 9 ans, ils fréquentent l’une des écoles de la région gérée par l’Asociación Casita de Niños (ASOCAS) et soutenue par Terre des Hommes Suisse. Selon eux, aller à l’école devrait toujours être un plaisir, mais malgré leur jeune âge, ils savent que leur région et leur municipalité sont parmi les plus touchés historiquement par la guerre. C’est donc la peur au ventre qu’ils affrontent chaque nouveau jour…
Les deux jeunes vivent dans un environnement rural, avec un climat chaud, mais sans accès à l’eau potable ou à des soins de santé adéquats. Leurs familles ont des emplois à risque, car elles ne bénéficient pas de mesures de protection et de sécurité adaptés, sans compter le fait que leurs rémunérations sont plus que négligeables.
Pour Ana et Nico, l’école est leur principal vecteur d’apprentissage tout comme les ateliers organisés dans des centres extra-scolaires. Ils ont trouvé des opportunités de formation et de divertissement à travers l’art, la musique et la danse. Malheureusement, cet accès à l’éducation n’est pas toujours ce qu’il devrait être car, bien que l’école leur soit ouverte, ils ne peuvent pas toujours assister aux cours pour des questions de sécurité. Est-ce que leurs enseignants ont reçu des alertes ou des menaces de la part de groupes armés illégaux contrôlant le territoire leur imposant de ne pas se déplacer et de ne pas enseigner pendant un jour précis ou une période plus longue ? Auront-ils le courage de surmonter la peur de voir leur école attaquée par une bombe, comme ce fut le cas le 30 juillet dernier dans un village voisin ? Autant de paramètres qui ont des conséquences réelles sur leur accès à l’éducation !
Construire le monde que nous voulons
Ana et Nico suivent des cours de violon et de danse. Ana, son violon à la main, raconte : « J’ai dit à ma mère que je pensais que les rêves ne se réalisaient jamais et que cela ne pouvait pas m’arriver. Maintenant, je vois que c’est possible ! Avec les ateliers nous avons tous progressé, individuellement et ensemble. Alors aidons-nous, entre nous, à être meilleurs ». Nico, à son tour, déclare : « J’aime les mathématiques, mais j’aime aussi danser. Je sais que l’éducation est un droit et en classe nous le dessinons. Aller à l’école est important pour apprendre à lire, à additionner, à soustraire et à vivre bien ».
Comme eux, plus de 5’000 enfants du Cauca sont ainsi soutenus. Malgré les difficultés du contexte dans lequel ils vivent, ils sont un exemple de volonté et de résilience. Pour les enfants, accéder à l’éducation dans un environnement protecteur est clef pour pouvoir s’offrir un futur meilleur. Pour le coordinateur d’ASOCAS, Miguel Larrahondo ,cela permet de « gagner un enfant de plus pour la paix et un enfant de moins pour la guerre ».
Espoir de changements en Colombie
La Colombie vit un moment politique et social unique, avec l’arrivée pour la première fois dans son histoire d’un gouvernement de gauche. Celui-ci s’est lancé comme défi d’avancer dans la construction de la « Paix Totale ».
La réalité des communautés est marquée à la fois par de profonds espoirs et de grandes craintes, car elle découle d’un processus d’accord de paix entre le gouvernement et les FARC-EP conclu en 2016. Les risques de déplacement forcés, de conflits armés autour et dans les écoles, de violence basée sur le genre sont encore une réalité. Les changements tant attendus se font encore attendre. À cela s’ajoute la réalité post pandémie mettant en évidence l’augmentation du recrutement des enfants par des groupes armés et des abandons scolaires, ainsi que le manque de garanties et de respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire pour les populations.
Il est également important de mentionner que le gouvernement actuel est au milieu d’un processus de négociation et de paix avec l’ELN. Des élections régionales ont également eu lieu en octobre. Une année particulière donc avec un niveau d’alerte au maximum. Les indicateurs de protection pour les défenseurs, les femmes, les jeunes et les enfants, souvent vulnérables à la persistance du conflit armé et à l’inégalité sociale, restent au rouge.
Nos partenaires en Colombie
TdH Suisse en Colombie et ses partenaires locaux suivent quatre axes d’accompagnement, de formation et de plaidoyer : l’éducation, la protection, la participation et l’éducation au développement durable.
En Colombie, avec six partenaires locaux, l’association est présente dans des territoires tels que le Cauca, Valle del Cauca, Costa Caribe et Buenaventura. Des projets tels que « Construire le monde que nous voulons », développés par l’Asociación Casita de Niños- ASOCAS, dans le Cauca, ont permis de construire à partir de la confiance, du travail conjoint et constant, des scénarios de soutien aux enfants. Ce travail consiste à faire en sorte que des enfants comme Ana et Nico développent de nombreuses compétences leur permettant, d’un point de vue personnel, de se sentir plus confiants, de percevoir et raconter l’histoire de leur pays d’une façon différente et d’entrevoir d’autres alternatives pour leur vie et pour leur famille.
Nous continuerons à agir ici et là-bas pour les enfants du pays et de la région, pour la protection et la garantie de leurs droits, pour l’enfance et le développement solidaire.
