Combattant depuis déjà des décennies les violences basées sur le genre, Terre des Hommes Suisse aide les femmes à faire face à des atteintes moins manifestes mais tout aussi profondes et durables que leur fait subir, au même titre que la souffrance physique, une culture locale souvent machiste et patriarcale.
Des stéréotypes et des préjugés bien tenaces
D’où une certaine timidité sociale voire un malaise bien prononcé chez les femmes qui émergent d’un tel milieu patriarcal qui essaient de trouver leur propre voie dans la vie. Or, s’affirmer dans la société quand on a une faible estime de soi et des complexes d’infériorité et de fragilité durablement inculqués paraît une mission bien difficile. On est là au cœur d’une problématique dont les sociétés en Amérique Latine d’aujourd’hui ont clairement pris conscience et qu’elles essaient d’affronter par différents moyens. Même les fameuses séries sud-américaines abordent le thème – dont les « teen novelas » qui prolifèrent ces dernières années et mettent souvent en scène le personnage de la jeune fille cherchant à vaincre sa timidité et à réaliser ses rêves.
Les initiatives mises en place par Terre des Hommes Suisse et ses partenaires locaux en Amérique Latine permettent de déjouer ces stéréotypes et de déconstruire des préjugés qui entravent l’autonomisation de la personne et paralysent la confiance en soi. Les associations partenaires accompagnent étroitement, sur le terrain, les jeunes femmes en quête d’indépendance ; elles les soutiennent dans le long chemin menant de l’effacement et de la fragilité à l’affirmation et à l’accomplissement de soi.
Des « success stories » résultent du travail des partenaires de Terre des Hommes avec des personnes des catégories considérées comme vulnérables – des histoires où l’esprit constructif et la volonté de s’en sortir des concerné-e-s triomphent sur la résignation et sur la tentation d’abandonner toute résistance.
Les parcours de jeunes femmes ayant réussi, avec le soutien des organisations partenaires, à affirmer leur personnalité par un engagement citoyen ou professionnel, occupent des places privilégiées dans ce florilège d’expériences plus que concluantes.
Des expériences réussies
Maribel Ramos, Bolivie
L’histoire de la Bolivienne Maribel Ramos que l’organisation PASOCAP (Pastoral Social Caritas Potosi) a encouragée et aidée à se former comme jeune leader entraînant d’autres adolescents à devenir des agents de transformation de leur environnement immédiat, attire tout de suite l’attention. La rencontre entre Maribel et l’organisation locale qui cherche à promouvoir et faciliter le développement humain intégral et à améliorer les conditions de vie de la population vulnérable et exclue a pourtant failli ne pas avoir lieu.
Images de notre partenaire PASOCAP en Bolivie
La raison ? La peur. « Timide et effrayée » à cette époque, ayant peur à l’école et dans la rue comme à la maison, au début l’adolescente renonce à participer aux initiatives de PASOCAP. Elle s’y joint seulement dans un second temps, et là :
Après avoir surmonté « la crainte et les préjugés » dont, issue d’un environnement « où prédominait le machisme », elle était longtemps victime, ayant aussi appris à « m’aimer et de me faire confiance », aujourd’hui Maribel se réjouit d’être un jeune leader qui participe à des débats, des réflexions et des discussions traitant du développement harmonieux et intégral de l’être humain.
« Ni héroïne, ni une sauveuse du monde », la Bolivienne se définit comme « juste une femme qui transfigure sa vie pour réaliser ses rêves et être heureuse ». Et qui aide les autres à transformer la leur.
Sofia Murillo, Colombie : du conflit à la médiation
La Colombienne Sofia Murillo semblait être, au départ, l’exacte antipode de Maribel Ramos. Autant cette dernière était timide, autant Sofia était farouche, indomptable, un brin sauvage. Mais les deux femmes se rejoignaient dans leur mal-être dont elles représentaient, en quelque sorte, les deux extrêmes.
Car, loin d’être dirigée contre les règles de la communauté traditionaliste, la révolte de Sofia contre tous et contre tout, son agressivité d’adolescente ( « j’étais une enfant qui ne respectait pas les règles… qui allait super mal à l’école, pure Cocha (désordre) … qui me battais avec ma mère) était bien le signe d’un profond mal-être et d’une exaspération inconsciente. Ce sont là des blessures secrètes que la société patriarcale- machiste, loin de pouvoir soigner, ne fait qu’approfondir et qu’aggraver. Sans parler que, très souvent, c’est elle qui les provoque.
Images de notre partenaire Paz y Bien en Bolivie
Mais pas seulement. Dans le cas de Sofia, d’autres circonstances s’ajoutent qui font que la brutalité de l’adolescente, expression d’un malaise intérieur, apparaît également comme la réplique de cette violence ambiante de tout moment et sans merci, qui caractérise les quartiers pauvres des grandes cités colombiennes. Or, Sofia vit à Calì, ville de vifs contrastes et divergences et dont les banlieues sont gouvernées par des bandes armées et par des gangs…
Une chose était sûre : à ses débuts, l’explosive Sofia était tout aussi loin que l’était la timide Maribel Ramos de ce développement intégral, équilibré et harmonieux, que prônait une organisation comme le PASOCAP bolivien et auquel oeuvrent, en principe, tous les autres partenaires locaux de Terre des Hommes Suisse – qu’ils soient en Amérique Latine, en Afrique et Haïti, ou en Asie…
A ce stade du récit, qui aurait pu imaginer que cette même Sofia, toujours mécontente et toujours prête à faire esclandre, allait devenir médiatrice de conflits ? C’est pourtant ce qui s’est passé. Depuis le moment où elle a commencé à bénéficier de l’accompagnement personnalisé de l’organisation Paz y Bien, à la Maison Francisco Esperanza, elle s’est complètement transformée. C’est déjà une autre personne. Ou, plutôt, c’est elle-même, maintenant :
La Maison Francisco Esperanza est l’une des maisons de quartier que Paz y Bien possède et gère; quelques-unes de ces maisons sont soutenues par Terre des Hommes Suisse. Organisation partenaire de TdH Suisse, Paz y Bien se consacre, depuis plus de trente ans, à l’action de protection des jeunes de la violence urbaine. Son équipe non seulement fait tout pour préserver les enfants et les adolescents de Calì du double risque de la criminalité qui transforme une bonne partie des habitants de cette cité soit en gangsters soit en victimes des bandes armées, mais, tout en aidant les jeunes de Calì à garder un certain équilibre émotionnel et psychique dans cet environnement problématique et malsain, elle les accompagne dans la quête d’un meilleur avenir.
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