La conférence romande des enfants s’est achevée hier 20 novembre 2022 pour 46 enfants de 10 à 12 ans des cantons de Valais, Genève et Vaud, après trois jours d’intenses réflexions. En cette journée internationale des droits de l’enfant Terre des Hommes Suisse et le CSAJ offrent de nouveau l’opportunité à ces enfants d’exprimer leurs préoccupations vis-à- vis des sujets qui les concernent, persuadés qu’elles*ils peuvent être acteurs*rices dans la mise en œuvre des droits de l’enfant en Suisse. Plusieurs thèmes sont évoqués, différents selon les choix des enfants. Entre protection, égalité et non-discrimination, protection spéciale et participation les discussions thématiques ont été denses.
“Si personnes ne s’occupait de nos droits, on serait seul*e*s” : c’est sur cette réflexion d’une des jeunes ambassadrices que la Conférence romande des enfants a démarrée le 17 novembre, date du début de la “colonie” laquelle s’est tenue dans le Jura Vaudois. Les enfants des trois cantons – Genève, Valais et Vaud – ont eu un programme de quatre jours chargés. Encadré*es par des jeunes bénévoles et les organisations responsables, les enfants ont pu se familiariser à leurs droits, vivre les enjeux de la politique grâce à un simulateur politique et développer des recommandations quant aux droits qu’elles*ils avaient choisis. Celles-ci seront suivies par le CSAJ et les lobbyistes des enfants, au niveau national.
Les enfants se sont rendu*es le 20 novembre à Genève à la salle du Faubourg pour présenter leurs recommandations aux autorités politiques. Un moment important non seulement pour les enfants mais également pour les autorités. Pour Mme Christina Kitsos, Conseillère administrative en charge de la Cohésion sociale et de la solidarité de la Ville de Genève « Ces enfants bousculent les lignes, viennent avec des idées fortes. Je ne peux qu’être admiratrice de leur engagement ! Une journée comme celle-ci est importante pour parler des droits des enfants, mais aussi du droit à l’enfance. »
Des recommandations pertinentes
Être à l’écoute des enfants victimes de discriminations à cause de leur religion, leur permettre de parler tout en ayant la possibilité de rester anonyme (Egalité et non-discrimination); intervenir dans les classes pour apprendre la langue des signes aux 8-12 ans et offrir la possibilité de continuer cet apprentissage volontairement pour les 12-15 ans (Protection spéciale); organiser des cours de sensibilisation sur l’égalité des genres aux enseignant*e*s et aux enfants (Participation); protéger davantage les enfants des réseaux sociaux sur lesquels insultes, menaces, atteintes à l’intégrité sont monnaies courantes en créant une application par et pour les enfants avec l’aide de l’état: voici un échantillons des douze revendications s’étant faites entendre aujourd’hui (voir encadré ci-dessous).
Des efforts sont déjà menés par les autorités en la matière. Toutefois à M. Philip Jaffé, membre du comité des Droits de l’Enfant à l’ONU, de préciser : « Il y a des domaines dans lesquels la Suisse doit pouvoir faire mieux. Notamment au niveau de la protection des enfants en situation migratoire. Notre pays est souvent épinglé comme mauvais élève. Cela doit changer ! ».
Assurer un suivi après la Conférence
Pour M. Vassilis Venizelos, Chef du département de la jeunesse, de l’environnement et de la sécurité du Canton du canton de Vaud “Les adultes parfois n’aiment pas faire participer les enfants, pourtant c’est un de leurs droits fondamentaux. On a peur peut-être des réponses, de ne pas pouvoir répondre aux attentes, à tort”.
Pour s’assurer que ces revendications soient effectivement suivies et que les enfants puissent apporter leurs pierres à l’édifice face aux enjeux de société actuels, le CSAJ et les lobbyistes des enfants, avec l’aide de la Conseillère aux Etats Lisa Mazzone, le Conseiller aux Etats Andrea Caroni et les Conseillères nationales Samira Marti et Katharina Prelicz-Huber feront le lien avec les autorités nationales .
De plus, une visite au Palais fédéral aura lieu le 01 février, afin de permettre un dialogue plus approfondi entre les politicien*nes et les enfants. “ C’est important de pouvoir accueillir ces jeunes ambassadeurs*drices à Berne. Lors de la visite du Parlement nous pourrons continuer à discuter ensemble sur comment faire entendre davantage la voix des enfants. Les politiques sont un relais essentiel en la matière. Les recommandations évoquées ce jour sont pertinentes et nous devons tou*tes nous engager à les faire vivre, ” explique Lisa Mazzone, Conseillère aux Etats.
Bilan positif
Pour Terre des Hommes Suisse et le CSAJ, le bilan de cette troisième édition romande est positif. Pour Sonia Régnier, chargée de programme suisse : “ Les 46 ambassadreur*rices ont développé leurs connaissances en droits de l’enfant et se sont concerté*es, ont co-construit et co-décidé afin d’aboutir à 12 recommandations. Un résultat dont elles*ils sont fier*ères. Cette expérience de citoyenneté où les enfants sont au cœur du processus du début à la fin, leur permet de développer des compétences telles que la collaboration, l’esprit critique, l’ouverture sur des réalités différentes des leurs, et ainsi construire ensemble des propositions pour améliorer les droits de l’enfant en Suisse.”
Fort du succès de cette 3ème édition, TdH Suisse et le CSAJ , espèrent poursuivre leur collaboration en 2023. Ils espèrent en intégrant de nouveaux cantons romands. La conférence est essentielle pour l’application de la Convention des droits de l’enfants, la participation politique des enfants ainsi que l’encouragement des enfants à défendre activement leurs droits.
LES DOUZE RECOMMANDATIONS DEs AMBASSADEURS ET AMBASSADRICES DES DROITS DE L'ENFANT
Egalité et non-discrimination
1) Nous recommandons que plus de personnes soient à l’écoute des enfants qui sont
victimes de discriminations à cause de leur religion, il faut que ce soit possible de leur
parler tout en restant anonymes si elles*ils le veulent.
2) Nous manquons de connaissances sur les religions. Nous recommandons que toutes
les religions soient mises en évidence à l’école pour que tout le monde puisse mieux
les comprendre.
3) Nous aimerions pouvoir nous organiser entre nous pour parler et régler les problèmes
liés aux stéréotypes de genre et les personnes transgenres, pour se défendre et
trouver des solutions.
Protection spéciale
1) Tout d’abord, il serait intéressant de construire des centres de soins gratuits pour que
tou*tes les enfants – réfugié*es ou/et dans le besoin – puissent se faire soigner. De
plus, nous recommandons un à trois centres en fonction de la taille du canton et de
ses besoins. Pour finir, des personnes pourraient intervenir pour faire la traduction.
2) Nous recommandons de mettre en place des moments « échanges-aide » entre les
enfants réfugié*es et les enfants des classes d’école pour apprendre à se connaitre et
apprendre les un*es des autres.
3) Nous proposons qu’un*e intervenant*e extérieur*e vienne une fois par semaine dans
les classes d’enfants âgé*es de 8 à 12 ans pour leur apprendre la langue des signes. De
plus, nous aimerions que ces cours deviennent facultatifs pour les enfants de 12 à 15
ans
Participation
1) Certaine*es enfants ne peuvent pas faire d’activités extra-scolaires car elles terminent
trop tard. Nous recommandons que les enfants puissent donner leurs avis aux
responsables des activités extra-scolaires (p.ex. président*es de club) sur les horaires
et la durée des activités pour que ce soit adaptés à leurs besoins.
2) Il y a des enfants qui ne mangent pas à la cantine, car elles*ils n’aiment pas les menus.
Nous demandons que les enfants puissent réaliser au moins une fois par semaine des
ateliers de cuisine avec des menus qu’elles*ils ont choisis.
3) La différence de genre est encore trop présente. Nous aimerions que les enfants et les
enseignant*es participent à des cours de sensibilisation proposés par des enfants sur
l’égalité de genre.
Protection
1) Dans le milieu familial, les enfants subissent trop de violences de la part de leur famille.
Nous proposons que les parents qui ont subi des violences viennent dans les foyers,
hôpitaux, écoles pour expliquer aux enfants de ne pas maltraiter leur futur*es enfants.
2) Nous voyons que dans les écoles de Suisse, il y a trop de harcèlement et nous voudrions
changer cela. Nous aimerions qu’il y ait un bâtiment par commune où les enfants
harcelé*es ou harceleurs*euses pourraient demander de l’aide à des spécialistes de la
santé (psychologue, médecin, secrétaire, …). Il serait intéressant de ne pas avoir besoin
de l’accord d’un*e adulte proche pour y aller.
3) Nous voyons des enfants se faire insulter, menacer, blesser ou parfois mourir à cause
des réseaux sociaux. Nous proposons de créer notre propre application par et pour les
enfants avec l’aide de l’Etat, parce que les enfants ne se sentent pas en sécurité sur les
réseaux sociaux qui ne sont pas adaptés à leur âge