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©Colectivo Apu Escuela Omacha

Des grands forums et des petits pas pour l’environnement

Le 13 décembre dernier, à Dubaï, s’achevait, par l’adoption d’un Accord commun, la 28ème Conférence mondiale sur le climat. En parallèle, Terre des Hommes Suisse continue à œuvrer pour une plus grande sensibilisation des jeunes à la protection de la planète. De la COP à la sensibilisation des enfants organisée par Terre des Hommes Suisse en salle de classe, la lutte contre le réchauffement climatique gagne chaque jour du terrain 

La nouvelle édition du grand forum annuel de la COP 28 impressionnait par des chiffres record – pas moins de 85000 participants, des promesses de fonds s’élevant à 12,8 milliards d’USD et émanant de 31 des 198 pays représentés dont 160 par leurs chefs d’Etat. L’accord finalement adopté par la COP 28, au bout de plusieurs jours de négociations souvent animées, a annoncé « le début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles et a proclamé la transition des sociétés vers la neutralité carbone, l’objectif 1 étant de maintenir le réchauffement climatique à un maximum de 1,5 degrés. 

Vivement interpellées par l’agenda de la COP 28, plusieurs agences de l’ONU ainsi que différentes ONG ont de leur côté publié, en amont de la conférence ou en écho à ses appels, des documents avec des messages forts et des exhortations à l’action, plaidant pour une action urgenteOmar Abdi, directeur général adjoint de l’UNICEF chargé des programmes, a rappelé que

« La crise climatique met en péril le droit fondamental de chaque enfant à la santé et au bien-être. Il est de notre responsabilité collective d’écouter et de placer les enfants au centre de l’action climatique urgente, et cela commence à la COP 28. Le moment est venu d’inscrire enfin les enfants à l’ordre du jour de la lutte contre le changement climatique. »
Omar Abdi
Directeur général adjoint de l'UNICEF

De son côté, dans un communiqué qu’elle a fait publier, la Fédération Internationale de Terre des Hommes a appelé « les États à s’engager dans une action climatique décisive alignée sur leurs obligations en matière de droits de l’enfant et informée par les points de vue et perspectives des enfants ». La Fédération Internationale de TdH a aussi exhorté dans un communiqué les participants à la COP à placer les enfants et leurs droits au cœur des processus décisionnels et des engagements et à donner aux jeunes un siège à la table des processus de prise de décision sur le climat de manière durable – au niveau mondial ainsi qu’aux niveaux local, national et régional.    

Œuvrer pour une meilleure interaction entre l’homme et son environnement

Organisation qui porte bien et avec fierté son nom hautement significatif de sa mission, Terre des Hommes Suisse a toujours œuvré pour une meilleure interaction entre l’homme et son environnement et pour une plus grande sensibilisation des jeunes à la protection de la planète.  

Faire prendre conscience aux enfants des limites de la Terre, les rendre à l’évidence de la finitude de ses ressources et les former à une approche plus responsable de l’environnement, tel est, entre autres, le but du Programme pour Education au développement durable et à la Solidarité de Terre des Hommes Suisse. Concevant l’EDDS comme un pilier de ses actions, TdH Suisse promeut ce programme dans les 10 pays où elle intervient, réalisant, dans plusieurs de ces zones d’action, une œuvre quasiment pionnière en matière d’initiation au développement durable, surtout en ce qui concerne la sensibilisation aux risques du réchauffement.  

Coordinateur national du Programme pour l’Education durable et solidaire pour la Bolivie, M. Horacio Augstburger témoigne : 

« La plupart des gens en Bolivie ne comprennent pas l’ampleur du problème du réchauffement climatique même s’ils en ressentent de plus en plus les effets négatifs. ».

Faisant la promotion de l’EDDS dans des écoles boliviennes, M. Augstburger s’est rendu compte du degré insuffisant de connaissance des problèmes environnementaux chez les enseignants :

« Pendant notre travail, nous avons constaté un certain manque de connaissance, chez les enseignants, du problème du changement climatique. Ils mélangent les termes. Or, si l’on ne comprend pas, à leur juste mesure, les risques que représente ce changement, on ne peut pas lutter efficacement contre les effets négatifs qu’il génère. »

Et c’est précisément là où il y a un manque de connaissance et de compréhension de la problématique environnementale qu’il s’avère essentiel de se montrer créatif, subtil et inventif – capacités d’autant plus indispensables quand il s’agit de sensibiliser des jeunes et les former au développement durable. Assurer une interrelation entre l’EDD et l’enseignement des matières du programme scolaire, en présentant les différents aspects de la thématique de l’environnement par leurs points d’intersection avec les disciplines traditionnellement étudiées à l’école n’est pas une chose d’emblée évidente et le développement de méthodes originales pour établir des passerelles entre les deux apprentissages ne peut être qu’encouragé et salué.  

Un moyen subtil et créatif pour aborder le problème climatique : les caisses environnementales.

Dans ce sens, l’idée d’Horacio Augstburger de proposer aux enseignants en Bolivie des caisses environnementales contenant des objets et des dispositifs susceptibles de faire le lien entre l’éducation au développement durable et les disciplines typiquement « scolaires » est vraiment une bonne idée. Appelées encore des boîtes de découverte, ces « caisses » aideront les maîtres et les maîtresses en Bolivie à expliquer les principaux enjeux du développement durable en intégrant ses thématiques et sa terminologie dans celles des autres matières.  

Deux jeunes filles en Bolivie transvasent de la terre d'une bouteille à une autre

« Il s’agit de kits pédagogiques au moyen desquels les enseignants peuvent dispenser leurs leçons en maths, sciences, langues et lettres, tout en parlant à leurs élèves des causes, des conséquences et des solutions du changement atmosphérique et leur proposant de rédiger un projet ou de résoudre un problème lié à ce domaine. » – explique Horacio Augstburger qui précise que, « dans le cadre du cours de langues, l’enseignant peut inviter les apprenants à écrire une lettre (un email) au maire de la commune lui demandant la permission pour un projet de reforestation tandis qu’en maths, il peut leur demander de calculer la quantité de CO2 qu’un arbre absorbe pour une période donnée ».   

Une formule- clé : les limites planétaires

Les boîtes de découverte (caisses environnementales) sont au nombre de neuf ; elles correspondent aux neuf aspects les plus saillants de problématique environnementale connus aussi comme des limites planétaires. En tête de liste, le changement climatique est peut-être la plus préoccupante de ces limites mais pas la seule. Les huit autres sont liées à la biodiversité, aux cycles du phosphore et de l’azote, la couche d’ozone, l’eau douce, l’acidification des océans, les changements d’usage des sols, la pollution chimique, la pollution atmosphérique.  

Lancée il y a deux ans, la première boîte de découverte correspond au problème du changement climatique. Déjà 40 exemplaires ont été distribués de cette première « caisse » et 1500 élèves y ont eu accès en Bolivie, l’idée étant que ces nombres augmentent chaque année et que, malgré le coût assez élevé de fabrication des boîtes, dès 2025, l’expérience « bolivienne » de Terre des Hommes Suisse, qui pour l’instant est à son stade pilote, s’étende également à des écoles en Colombie et au Pérou.  

Par cette manière originale et inventive de sensibiliser des jeunes à des volets importants du Programme pour Education au développement durable et à la Solidarité de Terre des Hommes Suisse, Horacio Augstburger espère pouvoir contribuer à une évolution des consciences dans cette région de l’Amérique du Sud et à une plus forte sensibilisation aux conséquences du réchauffement.  

La Bolivie et le Pérou – deux pays fortement ébranlés par le changement climatique

Or, en Bolivie et au Pérou, ces conséquences se font sentir d’une manière encore plus pressante qu’ailleurs : fonte des glaciers qui peinent à se remplir à nouveau et créent des problèmes d’approvisionnement hydraulique ; dérèglement de la saison des pluies qui se font plus rares et moins abondantes, alors qu’en l’absence d’un système d’irrigation moderne et fiable, un bon nombre de cultures en dépend.

Quand on prend en compte aussi la sécheresse dans l’Altiplano andin et, résultant de ce cataclysme, le dessèchement de Titicaca, entre la Bolivie et le Pérou – situation exceptionnelle qui voit l’eau de ce bassin considéré comme le lac le plus haut du monde (3812 m d’altitude) atteindre son plus bas niveau depuis 1943 – on obtient le tableau complet des conséquences du réchauffement climatique dans cette partie du globe, conséquences qui appellent une action urgente et face auxquelles toute indolence devient inexcusable.   

Dans cette partie du globe comme ailleurs, le changement climatique ébranle les équilibres planétaires et draine avec lui toutes sortes de dérèglements et de perturbations. La catégorie la plus vulnérable face à ses conséquences néfastes est, une fois de plus, celle des jeunes, et surtout les enfants – ces enfants auxquels il s’agit d’assurer une protection maximale mais auxquels, aussi, il faut faire prendre la conscience d’agir.  

Agir à leur niveau, apprendre à aimer la Terre, effectuer les gestes contribuant à sa survie – voilà l’essentiel de la formation que Terre des Hommes Suisse veut donner aux jeunes à travers son Programme pour Education au développement durable et à la Solidarité. Les modalités souvent très créatives et originales par lesquelles les coordinations nationales de TdH Suisse décident d’appliquer l’EDDS dans les différents pays d’action de notre organisation (nous avons déjà observé l’expérience très réussie de nos représentants en Bolivie) contribuent à rendre ce programme encore plus attractif, en même temps qu’efficace.