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Elève malienne ©Aboubacar Traore

Mali : « L’accès à l’éducation ne doit pas être une option ! »

Au Mali la crise humanitaire sévissant depuis plusieurs années a entraîné le déplacement massif de milliers d’enfants. Conflit armé, aléas climatiques, violences intercommunautaires : le choc est brutal.  Des vies basculent ainsi en un rien de temps. L’accès à l’éducation dans plusieurs régions est fortement compromis.

Adama a 9 ans lorsqu’une attaque meurtrière frappe son village Ogossagou au centre du Mali. Lui et sa famille sont alors forcés à se déplacer. En quelques minutes, la peur au ventre, il a dû s’enfuir et tout quitter : sa maison, son école qu’il fréquentait assidument, ses amis. Ses parents ont, eux, été obligés d’abandonner leur travail et leurs sources de revenus. Ainsi commence alors leur errance, un premier camp de déplacés, puis un autre. Finalement ils rejoignent les abords de la capitale, Bamako, où lui et sa famille ont été accueilli dans le site de Faladié. Adama a eu de la chance, car nombreux sont les enfants au Mali séparés de leurs familles lors des attaques et épisodes de violence armée au Mali. 

Pour Ramata Coulibaly, coordinatrice nationale de Terre des Hommes Suisse au Mali : « Les enfants déplacés au Mali sont confrontés à de nombreux défis. Ils sont souvent séparés de leur famille. Par conséquent,  ils sont exposés à un risque accru de violence, d’exploitation et d’abus. Beaucoup d’entre eux sont témoins de violence extrême, perdent leurs proches et sont traumatisés par les horreurs du conflit. De plus, la situation humanitaire précaire dans les sites de déplacés limite leur accès à des conditions de vie dignes, à une alimentation adéquate, à des soins de santé et à une éducation de qualité. »

Accès à l’ éducation compromis.

La fermeture des écoles, les infrastructures insuffisantes, la pauvreté des familles, les situations de mariages ou de travail forcés, les dangers liés aux conflits ou le manque d’école de proximité, rendent difficile l’accès des enfants à une éducation de qualité. D’ailleurs, la rentrée scolaire 2022-2023 a été fortement impactée par la fermeture de classe.  

 
Une classe d'enfants se tenant devant une école
Ecole dans un site de déplacés au Mali. ©Aboubacar Traore

Environ 1.730 écoles étaient fermées dans les régions du nord et du centre, affectant plus de 520.000 élèves. Ceux-ci s’ajoutent aux 2 millions d’enfants entre 5 et 17 ans étant, selon l’UNICEF, en dehors de tout système scolaire en raison  de l’insécurité, pauvreté, situation de travail ou de mariage forcés ou manque d’école de proximité.

De nombreux enfants déplacés sont privés de l’apprentissage fondamental, essentiel à leur développement et à la construction de leur avenir. De plus, les parents n’ont souvent plus les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école. En effet, ils ont souvent dû recommencer leur vie pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans les sites de déplacés, l’accès à une éducation de qualité n’est que rarement une option.

Adama se souvient encore de son arrivée à Faladié : « A notre arrivée sur le site, il y’avait un hangar en paille où tous les enfants du site se retrouvaient chaque jour, tous niveaux confondus.  Certains enfants étaient assis à même le sol, certains sur des nattes et d’autres ne trouvant pas de place assise restaient debout sur les côtés. Il y avait un seul enseignant pour nous tous. J’y allais chaque jour mais je n’avais pas envie à cause des conditions difficiles. Il y faisait trop chaud, nous manquions d’air. Je n’étais vraiment pas motivé. »

Un enfant écrit au tableau noir dans une classe du Mali
Cours de mathématique au Mali. ©Aboubacar Traore

Redonner confiance

Le contexte du Mali oscille entre urgence et développement avec des crises sécuritaires chroniques et intermittentes. Cette situation a un impact considérable sur l’éducation des enfants. Dans ce cadre, Terre des Hommes Suisse et ses partenaires sur le terrain défendent un droit à l’éducation de qualité tout en luttant pour la protection des enfants les plus vulnérables. 

Pour Ramata Coulibaly : « Les enfants déplacés que nous soutenons ont dû faire face à des épreuves souvent inimaginables. L’école est un lieu où ils peuvent se reconstruire, regagner confiance en eux, se sentir en sécurité. Cela doit se faire dans de bonnes conditions, avec des infrastructures scolaires réhabilitées, à proximité des lieux de résidence des enfants, et avec des enseignants qualifiés. L’accès à l’éducation au Mali ne doit pas être une option. C’est dans ce but que nous nous battons. »

 

Pour Adama, cette approche est gagnante. A maintenant 12 ans, il témoigne d’une évolution positive au sein de son école et de sa communauté : « Les choses ont progressivement changé. Terre des Hommes Suisse a construit de nouvelles salles de classes. Grâce à cela nous avons pu être séparés en niveaux différents. Nous avons enfin tous pu nous asseoir sur un banc ! Du coup j’aime beaucoup aller à l’école. »

FOCUS SUR UN  DE NOS PARTENAIRE AU MALI : ADAC 

ADAC est l’un des partenaires de Terre des Hommes Suisse travaillant dans les sites de déplacés du District de Bamako. Retrouvez en image, les actions soutenues par Terre des Hommes Suisse et mise en place par ADAC.

(photos: @Aboubacar Traoré)