Depuis la destitution et l’arrestation du Président Pedro Castillo accusé de corruption et de tentative de coup d’Etat au mois de décembre, le Pérou est en complète ébullition. Les manifestations se succèdent et se répandent dans le pays. Face à l’état d’urgence et la colère populaire, Terre des Hommes Suisse, active à Lima et dans les régions de Cusco et Madre de Dios, appelle les parties prenantes de cette crise à mettre tout en œuvre pour garantir le respect des droits de l’enfant et la protection de ceux-ci.
Près de 50 morts, des milliers de blessés, des grèves, des blocages routiers empêchant l’approvisionnement et l’échange de marchandise, pénuries : la situation au Pérou est inquiétante. Les manifestants réclament la destitution de la présidente Intérim, Dina Boluarte, (N.d.l.r. vice-présidente de Pedro Castillo) dont la légitimité n’est pas reconnue, la dissolution du parlement jugé corrompu, des élections générales et la création d’une Assemblée constituante. L’issue de cette crise semble incertaine et l’état d’urgence a été déclaré au Pérou. Dans les provinces d’intervention de Terre des Hommes Suisse, notamment à Cusco et Madre de Dios, la situation est particulièrement volatile et conflictuelle. Les tensions socio-politiques sont d’autant plus fortes au sein des populations rurales ou indigènes lesquelles défendent un Président incarnation d’un réel changement à leurs yeux. D’origine amérindienne il était également un symbole de justice sociale et d’inclusion des populations autochtones. Pour Terre des Hommes Suisse et ses partenaires dans le pays, le respect des droits de l’enfant est au centre des préoccupations.
« Depuis le début de la crise plusieurs adolescents sont morts dans les manifestations, des dizaines ont été arrêtés de façon arbitraire et en dépit de l’Etat de droit. A Cusco et Madre de Dios, nous avons mis en place un protocole d’urgence avec nos partenaires afin d’accompagner les adolescent.e.s détenu.e.s afin de s’assurer que leurs droits soient garantis pendant leurs détentions provisoires. » Lizeth Vergaray, Coordinatrice nationale de Terre des Hommes Suisse au Pérou .
Retour de la faim
Au-delà de la crise politique actuelle, le blocage des routes a des conséquences catastrophiques pour la population et les enfants. Cet état de fait aggravant d’autant plus la situation précaire dans laquelle une majorité d’entre eux se trouvaient dans nos régions d’action. Pénuries de denrées alimentaires, de carburant, inflation : les équipes de Terre des Hommes Suisse sur place sont témoins du retour de la faim au sein des familles les plus vulnérables. Les hôpitaux et les centres d’accueil pour enfants font face à un risque d’épuisement des ressources (alimentation, électricité), mettant alors en péril l’accès aux soins.
Pour pallier au manque d’accès et répondre à l’urgence, Terre des Hommes Suisse et ses partenaires (notamment Agro Bosque) ont par exemple négocié la mise sur pied un couloir humanitaire permettant l’acheminement de nourriture malgré des blocus pour des familles particulièrement vulnérables (sans revenu du fait de la crise, mère célibataires, famille avec enfants malades etc…). Terre des Hommes Suisse au Pérou a également, en collaboration avec d’autres organisations actives dans la défense des droits de l’enfant, assurer la livraison de nourriture au profit de foyers accueillant des enfants et adolescents.
« Nous devons penser aux enfants et aux familles que nous soutenons chaque jour. Terre des Hommes Suisse appelle les parties prenantes à la crise de tout mettre en place pour que les plus vulnérables, pensant particulièrement aux enfants, ne soient pas pris en otages. Nous devons s’assurer que les notions de protection et droits de l’enfant ne soient pas que des mots, mais soit effectifs dans notre pays. Nous sommes également particulièrement inquiets de l’impact socio-émotionnel de cette crise et de ses conséquences dans nos régions d’intervention. »
Lizeth Vergaray, Coordinatrice nationale de Terre des Hommes Suisse au Pérou .
Au niveau national Terre des Hommes Suisse s’est engagé dans le plaidoyer en faveur du dialogue, de la promotion des droits de l’enfant, de leur protection et se coordonne au sein de différentes plateformes avec d’autres ONGs afin de garantir une réponse aux besoins de première nécessité des populations de la région de Cusco et Madre de Dios.