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Il y a 30 ans…, 7.11.2015

Après deux jours intenses avec Cecucol, entre la participation aux activités du Centre, les visite aux familles bénéficiaires dans des quartiers si précaires, les interviews et les échanges… ce samedi semble presque tranquille. Tandis que Séverine et Efrain partent en réunion, nous faisons le point avec Patricia sur les informations que nous avons recueillies et celles qui nous manquent, nous retranscrivons nos notes, nous publions carnet de route et post facebook. Je n’ose pas vous dire combien de centaines de photos ont déjà été prises!

Une enfant bénéficiaire du Centre||Souad von Allmen

Petit clin d’oeil météo. La Colombie ne connait que deux saisons. Nous sommes en début de saison des pluies, mais jusqu’alors durant ce voyage, à part quelques averses, nous avons été bien préservés. Je crois que les enfants hier ont tellement parlé d’eau, chanté l’eau, que… aujourd’hui il en est tombé des litres et ce pendant des heures, Au retour de la pause déjeuner, où bien sûr nous n’avions pris ni veste de pluie ni parapluie, nous avons dû courir sous la pluie et enjamber des ruisseaux dans les rues… éclats de rires! Nous savons qu’à la posada, nous allons pouvoir nous sécher… Rire suspendus lorsque l’on pense tout à coup à la situation des familles que nous avons vues hier, dans leur maison accrochée sur les pentes terreuses de la montagne…

Habitations précaires sur la "loma"||Souad von Allmen

Des excuses du gouvernement 30 ans après un massacre

Les 6 et 7 novembre sont des souvenirs douloureux pour les Colombiens qui commémorent les 30 ans de la prise du palais de justice par la guérilla M-19 et la répression sous forme de massacre de la part de l’armée, pénétrant dans l’édifice au moyen de tanks et tuant près de 100 personnes, dont de nombreux civils. Le bilan fait état également de plus de 20 personnes disparues pour lesquels les familles réclament toujours justice. On dit que le gouvernement avait connaissance par des infiltrés de l’attaque de la guérilla et n’a rien fait pour l’éviter… on dit que l’armée a emmené des personnes encore vivantes, qu’elles ont été torturées puis retrouvées mortes un peu plus tard… on dit que pendant que l’armée tirait, le président maintenait le programme de foot à la télévision… Aujourd’hui le président colombien Juan Manuel Santos a reconnu la responsabilité de l’Etat et demandé pardon.

Parmi les réactions: un sentiment de tristesse et de solidarité avec ceux qui ont perdu des êtres chers. La conscience que le pays doit être une institution qui respecte les droits de l’homme, mais que si la peine de mort est légalement interdite, en réalité… La défiance encore existante de la population face au mouvement social qui a été associé (avec raison parfois) aux groupes armés. Les revendications ont aboutis cependant à la rédaction de la nouvelle Constitution de 1991 où la Colombie est définie comme un Etat de droit et de multiculturalisme. En tous cas sur le papier…