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Des élèves découvrent les injustices du chocolat

Une animation scolaire permet de faire découvrir les dessous de la tablette de chocolat, les divers acteurs en jeu et les possibilités d’agir, à tout âge!

Un jour ensoleillé de mars 2018, dans la bibliothèque de l’école primaire Lachenal à Versoix. Une vingtaine de chaises sont placées au milieu d’étagères pleines de livres, de savoir en puissance, sur lesquelles s’installent autant d’élèves avides d’histoires.

Car c’est une histoire qu’ils sont venus écouter. Celle du cacao. À la question: «Qui mange du chocolat?», toutes les mains se lèvent, et à qui de claironner qu’il déguste une plaque par semaine, à qui d’avouer quasiment une plaque par jour… le chocolat fait (presque) l’unanimité. Mais s’ils connaissent tous le produit fini, ils vont apprendre beaucoup sur les origines de l’ingrédient principal, le cacao, sur son parcours jusqu’en Suisse et sur le prix payé à chacun des acteurs de cette histoire.

Informer, faire réfléchir et inciter à l’action

Après avoir longuement parlé du cacaoyer, puis de la cabosse, de la graine et de la fève, le débat tourne autour de la question du commerce équitable. « Equitable ne veut pas forcément dire égal. C’est être juste, et répartir selon les besoins » précise Emilie, l’une des animatrices de Terre des Hommes Suisse. Placés en groupes de 3-4 autour d’une table, les enfants enfilent le chapeau du producteur, la casquette de l’exportateur, la toque du fabriquant et la cravate du distributeur, et se lancent dans un jeu de rôle. Ils doivent répartir la somme de 2 francs suisses, prix de base d’une plaque de chocolat, entre les différents acteurs. Les arguments fusent. Chacun pense avoir le droit à plus, défendant la valeur de son travail.

Le résultat des groupes n’est pas uniformes. Certains auraient donné 50 centimes à chacun, d’autre 70 centimes au producteur et 30 au distributeur, ou l’inverse. La faute à la chance? À un enfant plus convainquant qu’un autre? La vraie vie. Mais quand ces pourcentages sont confrontés à la réalité, les masques tombent. 14 centimes pour le producteur, 12 pour l’exportateur, 86 pour le fabriquant et 88 pour le distributeur. Incroyable que le producteur soit payé si peu! Comment peut-il vivre avec sa famille? Ces chiffres changent bien évidemment si on parle de commerce équitable.

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Et les animatrices de commenter alors les différents labels qui existent et l’action citoyenne que chacune et chacun peut réaliser en achetant «responsable». Une démarche qui permet notamment d’améliorer la qualité de vie des familles productrices, et d’envoyer leurs enfants à l’école.

«C’est chouette de discuter d’un thème et de trouver des solutions à des problèmes», «Si on n’achète plus  du tout car on ne trouve pas ça juste, ce n’est pas non plus une solution car le producteur aura zéro!», «Même d’ici on peut aider ceux qui n’ont pas assez à manger», «Tous les enfants devraient voir leurs droits respectés», témoignent quelques élèves après l’animation.

Pour Jessica Villalba, enseignante de cette classe de 8P, «l’intérêt d’une telle animation, c’est de renforcer leur esprit critique et leur esprit de solidarité. Ce sont de futurs citoyens. Il me semble important qu’ils prennent dès maintenant conscience de ce type de problématique, car certains d’entre eux en parlent à la maison, mais d’autre pas. Et puis le thème du chocolat est le bienvenu, car il fait partie de notre histoire à Versoix.»

Animations pour les écoles

Diverses animations sont proposées aux écoles, par exemple sur les téléphones portables, la migration ou l’alimentation. Une nouvelle plateforme www.tdh-education, lancée en 2017 par Terre des Hommes, présente ces outils qui sont gratuits et dorénavant disponibles en français et en allemand sur l’ensemble du territoire suisse.

Par Souad von Allmen, mars 2018

Informations sur la plaque de chocolat Terre des Hommes Suisse, réalisée à partir du cacao produit par une coopérative Agrobosque au Pérou, partenaire de Terre des Hommes Suisse.