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Des jeunes repensent l’éducation en Inde

En décembre dernier, la Indian Youth Federation (IYF) organisait un Congrès national de la jeunesse afin de se pencher sur le thème de l’éducation en Inde. Leur rapport et recommendations.

 

Repenser l’éducation – Une dernière opportunité pour assurer l’égalité
Rapport du congrès national de la jeunesse, Kolkata (Inde), décembre 2018

 

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. » Nelson Mandela 

 

Le 6 et 7 décembre dernier, la Indian Youth Federation (IYF) a organisé le Congrès national de la jeunesse afin de se pencher sur le thème de l’éducation en Inde. Cette rencontre, qui s’est tenue à Kolkata, en Inde, a été soutenue notamment par Terre des Hommes Suisse.

 

Introduction

 

Le fossé entre les ultra-riches et le reste de la population mondiale est énorme. L’Inde est un pays particulièrement inégalitaire, et ce à plusieurs égards: les richesses, les revenus et le pouvoir de consommation sont très mal répartis. La seule façon de construire une société plus juste est d’assurer l’égalité des chances pour tous, notamment grâce à un système scolaire réellement apte à atténuer les différences sociales.

 

L’enseignement gratuit et obligatoire est un droit fondamental pour les enfants âgés de 6 à 14 ans depuis 2002 en Inde. Cependant, la qualité de l’enseignement au niveau élémentaire souffre de nombreux problèmes liés l’insuffisance des ressources, au manque d’infrastructures de base, au recrutement des enseignants, au manque d’enseignants qualifiés, à la qualité des manuels scolaires et à leur distribution tardive.

 

De plus, seuls 38 % des enfants âgés de 3 à 5 ans sont inscrits dans l’enseignement préscolaire, alors que 27 % des enfants ne fréquentent aucun établissement préscolaire (public ou privé). Le taux de scolarisation dans le primaire atteint certes presque 100 %, mais ce taux tombe à 91 % dans les degrés 6 à 8 et à 78 % dans les degrés 9 à 12. La tendance à la baisse des taux de scolarisation se poursuit pour l’enseignement supérieur (niveau collégial et universitaire), où il n’est plus que de 24 %.

 

Les statistiques sont parlantes:  la plupart des jeunes Indiens ne bénéficient pas d’une instruction suffisante pour pouvoir espérer un avenir décent. En l’absence d’une éducation gratuite et obligatoire jusqu’au 12e degré, de nombreux jeunes (notamment ruraux) sont forcés d’abandonner l’école pour différentes raisons liées à la pauvreté.

 

L’égalité des chances et une éducation de qualité égale pour tous est une question prioritaire pour la Indian Youth Federation, dont des membres issus de sept états indiens se sont réunis dans le cadre d’un Congrès qui s’est tenu à Calcutta.

 

À propos de la Indian Youth Federation

 

La Indian Youth Federation est une plate-forme indépendante, démocratique et dirigée par des jeunes, qui représente plusieurs conseils à travers le pays. Elle s’efforce de donner aux jeunes les moyens de participer activement à la société afin d’améliorer leur vie, en représentant et en défendant leurs besoins et leurs intérêts ainsi que ceux de leurs organisations.

 

La Indian Youth Federation encourage les jeunes à influencer les politiques et œuvre également pour le changement social à tous les niveaux, toujours en accord avec des objectifs de développement durable.

 

Objectif du congrès

 

Les 6 et 7 décembre 2018, l’IYF, en collaboration avec SPAN – Society for Peoples’ Awareness, organisation partenaire de Terre des Hommes Suisse, a organisé un congrès de deux jours sur le thème de l’éducation en Inde. Au total, 150 jeunes de sept états indiens (Tamil Nadu, Andhra Pradesh, Telengana, Maharashtra, Delhi, Bengale occidental et  Chhattisgarh) ont participé. Dans le cadre du congrès, l’IYF a notamment exprimé les demandes ci-après afin de renforcer le système public d’éducation:

 

– Un système éducatif formel et institutionnalisé.

 

– L’enseignement doit être dispensé par une structure éducative commune comprenant au minimum 3 ans d’enseignement préscolaire, 5 ans d’enseignement primaire, 3 ans d’enseignement primaire supérieur, 2 ans d’enseignement secondaire, 2 ans d’enseignement secondaire supérieur et 3 ans d’enseignement universitaire. L’enseignement pré-primaire et l’enseignement scolaire (y compris l’enseignement primaire, primaire supérieur, secondaire et secondaire supérieur) doivent être gratuits, équitables et inclusifs et garantir les droits fondamentaux à tous les enfants.

 

– L’enseignement préscolaire et scolaire doit relever de la seule responsabilité de l’État et tout effort de privatisation de l’enseignement scolaire et préscolaire doit être découragé.

 

– Le système éducatif doit disposer de suffisamment d’options et d’alternatives afin de permettre l’inclusion des enfants qui sont engagés dans le secteur du travail, les plus âgés, les enfants ayant abandonné l’école, les enfants de familles migrantes et les enfants ayant des besoins spéciaux.

 

– L’éducation scolaire doit être centrée sur l’enfant. La réussite de la scolarité dépend uniquement de l’accès, de la participation et des résultats d’apprentissage de l’élève. La qualité de l’éducation doit être d’un niveau comparable d’une école et d’une institution à l’autre.

 

– L’Union et le gouvernement de l’État doivent allouer 6 % de leur PIB à l’enseignement scolaire dans leur budget annuel.

 

Ce plan d’action a été élaboré notamment suite à une enquête menée auprès d’enseignants, de parents et de membres des syndicats d’élèves ainsi que des organisations telles que l’UNICEF et Terre des Hommes Suisse.

 

D’autres points plus spécifiques à certains états ont également été abordés, notamment les abus sexuels, le chômage dans le secteur agricole, le suicide de fermiers, la famine, la distance entre le domicile et l’école, le nombre élevé d’élèves par rapport au nombre d’enseignants, le manque d’enseignants par matière, l’enseignement dans une langue non vernaculaire, le mariage des enfants, la discrimination (en fonction de la caste, du sexe, etc.). Différentes pistes ont été proposées, notamment la sensibilisation.

 

Traduit de l’anglais par Ursula Sila-Gasser, janvier 2019