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Avoir accès à une éducation de qualité : une priorité

Haïti : une situation de plus en plus inquiétante

Haïti est gravement touché par des incidents de violence sans précédent. Guerre des gangs, pénurie de carburant, manifestations massives contre l’impunité et la corruption, propagation d’une épidémie de choléra officiellement déclarée en octobre, et crise politique depuis l’assassinat du président en juillet 2021 : la population et les enfants Haïtiens sont confrontés à une crise multidimensionnelle dont l’issue semble incertaine. 

 

« Nous sommes pris en otage ! »  Pour Guerty Aimé, coordinatrice nationale de Terre des Hommes Suisse à Haïti, la situation sécuritaire est telle que la population vit la peur au ventre. Les risques sont réels : kidnappings, viols, meurtres sont monnaie courante. Depuis le début de l’année 2022, les gangs armés tuent au moins une personne toutes les 6 heures, chaque jour 3 personnes au moins sont kidnappées et toutes les 8 heures une personne au moins est blessée par balle. Durant les 11 derniers mois, 1,448 personnes ont été tuées, 1,145 blessées et 1,005 kidnappées par des gangs. Le tout dans la plus grande impunité.  Cependant, cette situation n’a pas l’attention qu’elle mérite de la communauté internationale !

 

A Port au Prince, capitale du pays, plus de 60% du territoire est contrôlé par des gangs armés. Les gangs contrôlent également les routes d’accès de et vers la capitale. Par conséquent, cela empêche la libre circulation des produits alimentaires et de première nécessité entrainant une inflation évaluée à 38,7% au mois d’octobre par l’IHSI. Seulement dans le secteur de la sous-traitance, plus de 20’000 emplois ont été perdus dans un pays déjà ravagé par le chômage. 

 

« Les contraintes actuelles nous ont également obligées à revoir avant tout notre mode de fonctionnement à Haïti pour continuer nos activités » explique Christophe Roduit, Secrétaire général de Terre des Hommes Suisse. Ainsi l’organisation a ouvert un bureau dans le Sud Est du pays, zone dans laquelle Terre des Hommes Suisse avait déjà de nombreux partenaires depuis 2006. Elle y contribue, de concert avec les organisations locales, à promouvoir les droits de 3000 enfants et jeunes à la protection, à l’éducation et à la participation citoyenne.

   

Choléra et situation économique précaire à Haïti 

 

La guerre en Ukraine a complètement occulté la situation de crise majeure en Haïti. Loin de l’attention médiatique qu’il mérite, le pays doit faire face à une nouvelle épidémie de choléra déclarée en octobre 2022. Rappelons que la maladie avait fait plus de 10’000 morts entre 2010 et 2019. Pour l’heure, 283 personnes sont décédées, près de 12’000 ont été hospitalisées et plus de 14’000 cas suspects ont été enregistrés, selon l’Organisation des Nations Unies.   

 

Par ailleurs, cette nouvelle urgence s’ajoute à la grave crise alimentaire qui affecte plus de 4,7 millions de personnes, selon le dernier rapport de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA).  Cela contribue d’autant à une réduction drastique de leurs moyens d’existence. 

En conséquent, la vie de milliers d’enfants et particulièrement des plus petits, est en danger.  Comme en témoigne, Guerty Aimé : « Le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, les coupures d’électricité répétées et l’insécurité alimentaire grandissante favorisent la propagation de l’épidémie. » Face à une telle situation, Terre des Hommes Suisse a distribué auprès de  ses partenaires des kits sanitaires de prévention du choléra. Leur utilisation permettra de protéger 7’690 enfants et jeunes.  

  

Situation dans les écoles  

 

Le 5 septembre, en raison de la situation sécuritaire, la rentrée des classes avait été reportée au 3 octobre.  Toutefois, durant des semaines , la majorité des établissements scolaires sont restés fermés. Un poids difficile à porter pour les écoliers déjà fortement affectés par l’escalade de la violence. Aujourd’hui cependant, près de 60% des écoles publiques du pays ont pu rouvrir.   

Terre des Hommes Suisse est restée et reste engagée directement auprès de 17 écoles du pays. 

Ainsi, pour garantir la continuité des apprentissages, en plus des cours réguliers dans les écoles, de nombreuses modalités alternatives d’enseignement ont été adoptées durant la crise avec la participation active des enseignants, des parents et des communautés. 

 

De plus, au milieu du chaos environnant marquant le déroulement du dernier trimestre, plusieurs dizaines de points sécurisés de regroupements ont été mis en place. Ils accueillent ainsi  les enfants et les jeunes des écoles partenaires et des communautés privés des services éducatifs de base. Un accent fort a été mis sur la contextualisation de l’éducation, permettant ainsi d’approfondir les compétences et capacités de réponse des enfants et des jeunes face à la démultiplication des risques (sanitaires, sécuritaires, alimentaires, environnementaux, de violence, etc.).  

60% of the country's public schools have been able to reopen.

Les droits des enfants sont des droits humains

 

L’éducation aux droits, à la gestion des risques et à la solidarité a servi de creuset à la préparation de l’événement « 21 jours de mobilisation autour du droit des enfants à vivre dans un environnement sain » qui s’est déroulé du 20 novembre au 10 décembre. 

 

Les droits des enfants sont des droits humains” a déclaré Guerty Aimé. Pour la seconde année consécutive, TdH Suisse a réussi à tisser un pont pendant cette période pour souligner l’urgence et la nécessité de prêter une attention soutenue à la situation des droits des enfants dans le contexte d’Haïti. Les enfants et les jeunes ont participé à des ateliers créatifs et ont utilisé toute la richesse de la culture Haïtienne pour exprimer à travers leurs productions leur farouche engagement en faveur de la vie. Plusieurs techniques et moyens d’expression ont été mis à profit : production de textes de tous genres (contes, poèmes, courriers, récits, plaidoiries, etc. ), danse et création de chorégraphies singulières, production de chants, artisanat, etc.  

 

Pour Guerty Aimé : « Notre priorité reste de pouvoir assurer un accès à une éducation de qualité pour les enfants et de le faire dans un cadre où la violence n’a pas sa place. Nous devons nous adapter et nous montrer créatifs face à tous les défis auxquels nous faisons face. Il est essentiel de continuer nos efforts dans ce sens. Nous croyons fortement que grâce à l’éducation, à la formation, les enfants pourront avoir de vraies perspectives de vie. Nous le leur devons. »